Plein feu sur l’Environnement
Les invités de Mélodie and company
Au départ de toute cette entreprise, il y a une série d’articles publiés, entre février 2005 et janvier 2006, dans l’hebdomadaire Haïti en Marche, et qui visaient à engager un vaste débat autour de la réforme agraire. Parallèlement, quelques articles ont touché le problème de la protection de l’environnement qui est certainement un défi majeur auquel nous devons faire face si nous ne voulons pas nous retrouvés assis sur un tas de cailloux.
C’est la conscience de ce défi qui nous a fait saisir l’opportunité d’avoir une série d’émissions sur l’environnement. Ainsi, entre août 2005 et février 2006, nous avons animé, dans le cadre des émissions Mélodie and company qui passaient les après-midi, de 5 à 7, sur les antennes de Mélodie 103.3 FM, une émission hebdomadaire, qui passait le jeudi, sous le thème Développement Durable.
L’utilisation de ce concept de développement durable nous a permis de créer le lien entre les problèmes fonciers qui faisaient l’objet des articles sur la réforme agraire, d’une part, et les articles ou émissions consacrés à l’environnement.
En effet, dès le départ, nous avions décidé de placer nos articles concernant l’environnement naturel sous le chapeau du concept de développement durable, défini dans le Rapport Bruntland « comme celui qui permet de répondre aux besoins du présent sans compromettre les possibilités pour les générations futures de satisfaire les leurs » 1
Le développement Durable
L'expression « développement durable » a été proposée pour la première fois en 1980 dans la Stratégie mondiale de la conservation publiée par l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), le Fonds mondial pour la nature (WWF) et le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE). En 1987, la Commission des Nations Unies sur l'environnement et le développement publie le rapport Notre avenir à tous (Rapport Brundtland) qui va populariser le concept de développement durable. Le rapport Brundtland définit le développement durable comme « un développement qui répond aux besoins des générations actuelles sans pour autant compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs. » En 1991, la nouvelle stratégie de conservation de la nature publiée par l'UICN, le WWF et le PNUE définit le développement durable comme le fait d'améliorer les conditions d'existence des communautés humaines, tout en restant dans les limites de la capacité de charge des écosystèmes.
Le développement durable vise trois objectifs :
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l'intégrité écologique ;
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l'équité entre les nations, les individus et les générations ;
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l'efficacité économique.
La mise en oeuvre de ces trois objectifs s'appuie sur un certain nombre de mesures dont l'énoncé nous aide à mieux saisir l'ampleur du défi qu'ils représentent.
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Maintenir l'intégrité de l'environnement, c'est-à-dire intégrer, dans l'ensemble des actions des communautés humaines, la préoccupation du maintien de la vitalité et de la diversité des gènes, des espèces et de l'ensemble des écosystèmes naturels terrestres et aquatiques, et ce, notamment, par des mesures de protection de la qualité de l'environnement, par la restauration, l'aménagement et le maintien des habitats essentiels aux espèces ainsi que par une gestion durable de l'utilisation des populations animales et végétales exploitées.
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Améliorer l'équité sociale, c'est-à-dire permettre la satisfaction des besoins essentiels des communautés humaines présentes et futures et l'amélioration de la qualité de vie, et ce, notamment, par l'accès pour tous à l'emploi, à l'éducation, aux soins médicaux et aux services sociaux, à un logement de qualité, ainsi que par le respect des droits et des libertés de la personne, et par la participation, pour l'ensemble des groupes de la société, aux différents processus de prise de décision.
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Améliorer l'efficacité économique, c'est-à-dire favoriser une gestion optimale des ressources humaines, naturelles et financières, afin de permettre la satisfaction des besoins des communautés humaines, et ce, notamment, par la responsabilisation des entreprises et des consommateurs au regard des biens et des services qu'ils produisent et utilisent ainsi que par l'adoption de politiques gouvernementales appropriées (principe du pollueur/utilisateur-payeur, internalisation des coûts environnementaux et sociaux, éco-fiscalité, etc).
Le Cadre de Référence
Dans un document daté d’Avril 2006, Jean-Robert Jean-Noël présente ce qu’il appelle « l’approche hexagonale » qui « vise, tout en s’appuyant sur la démarche participative, à développer un cadre harmonieux pour l’évolution de l’humain dans un cadre social équitable, dans un cadre naturel régénéré et bien équipé par des infrastructures adaptées, dans un cadre économique et financier incitatif et dans un cadre politique responsable et démocratique ».2 Et il amène tout de suite ce qu’il appelle « les six capitaux : le capital humain, le capital social, le capital environnemental, le capital infrastructurel, le capital financier et économique et le capital politique ».
Jean-Robert a une approche que je qualifierai, en attendant mieux, d’instrumentale. Les six capitaux qu’il mentionne sont comme des atouts qui doivent nous permettre d’arriver à développer ce « cadre harmonieux » dont il parle. Tout en poursuivant le même objectif, j’ai une approche que je qualifierai d’analytique. Pour moi, les six capitaux dont il parle sont plutôt des « axes d’intervention » qui me serviront à dresser un cadre de référence pour les actions à mener en vue de créer ce « cadre harmonieux ».3
C’est pourquoi je parle donc de :
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Il faut signaler que l’ordre d’énumération de ces axes n’est pas choisi au hasard ;
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au centre de la réflexion il y a l’homme qui est à la fois l’acteur et le bénéficiaire de tous les processus qui se déroulent au sein de la société ; l’axe humain doit donc se trouver en première position ;
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mais cet homme n’est pas seul, il fait partie d’un groupe social ; l’axe social vient donc en seconde position ;
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ce groupe social vit dans un environnement naturel,
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qui a pu être modifié par des aménagements ;
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ce groupe humain exploite son environnement naturel et modifié par les aménagements dans des activités économiques qui doivent lui permettre de satisfaire ces besoins ;
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enfin il est nécessaire que l’ensemble de ces activités connaisse une certaine forme de réglementation pour éviter les dérapages, d’où l’axe politique.
Les six axes peuvent être regroupés deux par deux :
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Les deux premiers sont concernés par les acteurs de toutes les opérations qui se déroulent à l’intérieur de la société :
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Acteurs pris individuellement
Axe Humain
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Acteurs pris en tant que membres d’un regroupement
Axe Social.
Au niveau de ces deux axes, l’accent est mis sur la « capacitation » des acteurs, les actions qui doivent les mettre en mesure de remplir au mieux les rôles qu’ils ont à jouer, soit individuellement, soit en tant que membre d’un groupe social.
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Les deux axes suivants sont concernés par le cadre physique des activités de ces acteurs:
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Le cadre naturel, avec toutes les ressources naturelles que les acteurs sont appelés à exploiter pour satisfaire leurs besoins
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Axe Environnemental,
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Le cadre physique modifié par les infrastructures, les aménagements apportés par les acteurs en fonction de leurs besoins
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Axe Infrastructurel.
Au niveau de ces deux axes, l’accent est mis sur la protection, la conservation, l’utilisation rationnelle du cadre physique. En effet une exploitation abusive des ressources naturelles peut mener à leur raréfaction, voire à leur disparition, avec toutes les conséquences que cela comporte ; de même une utilisation abusive des infrastructures revient à la perte des investissements consentis pour réaliser ces aménagements.
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Les deux derniers axes sont concernés par les mesures qui doivent permettre un déroulement harmonieux des activités des acteurs, en l’occurrence :
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Le financement de ces activités, les investissements
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Axe Economique et Financier,
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La régulation de ces activités
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Axe Politique.
La particularité de ces deux derniers axes est qu’ils voient apparaître un troisième acteur. Jusqu’à présent nous avons eu affaire à des individus ou à des groupes faisant partie de ce qu’on a pris l’habitude d’appeler la « société civile », au niveau de ces deux axes on doit tenir compte du « secteur public ».
Pour arriver au cadre de référence, on croise les six axes, et on obtient une grille avec 36 casiers à l’intérieur de laquelle on peut retrouver, d’une part, toutes les interventions que l’on peut faire en vue de développer le « cadre harmonieux » mentionné plus haut, d’autre part les résultats attendus de ces interventions.
1 Voir Jean-André Victor et Ariston Gilles : Quel modèle de développement durable pour Haïti, in : Education citoyenne et lutte démocratique, MECI, Juillet 2003
2 Jean-Robert Jean-Noël : L’Approche hexagonale (version actualisée), Avril 2006
3 On retiendra que Jean-André Victor, dans le texte mentionné plus loin, parle aussi de « capitaux », de même que Parvis Koohafkan dans un papier présenté à la Conférence Internationale sur la Réforme Agraire et le Développement Rural, Porto Alegre, mars 2006. Il sera intéressant d’y revenir.
Bernard Etheart Page 1 dd/02/yyyy