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Emission du |
26/08/08 |
Thème |
Infos générales |
Transcription
Cet après-midi nous avons quelques problèmes. Le 27 mai nous avions reçu Emmanuel Louiceus et Louis Chadik qui étaient venus nous parler du FAG (Forum Agricole Goâvien), un regroupement d’associations d’irrigants. Il y a deux semaines, j’ai reçu un courriel de Manno qui me disait que, suite à cette émission, les activités que le forum devait entreprendre, en particulier les élections d’un nouveau comité, et qui étaient quelque peu bloquées, avaient repris ; et il me demandait une nouvelle émission pour continuer à encourager les membres dans ce sens. J’étais agréablement surpris, car, en lançant cette émission, je n’avais jamais imaginé qu’elle pourrait avoir un impact aussi direct.
Il m’a donc proposé la date du 26/08, autrement dit aujourd’hui, mais voilà, aujourd’hui, nous sommes sous le coup d’un cyclone qui doit traverser la presqu’île du sud et déboucher dans le golfe de la Gonâve aux niveau des Nippes, ce qui n’est pas loin de Petit Goâve. On peut donc imaginer que nos invités ont autre chose à faire qu’une émission de radio.
Cela me donne l’occasion de parler de deux évènements internationaux récents :
∙ La semaine mondiale de l’eau,
∙ Les négociations d’Accra.
Pour le premier, nous savons que l’année 2008 a été déclarée année de l’assainissement, nous savons aussi que l’eau potable et l’assainissement marchent ensemble. L’info que nous avons c’est que du dimanche 17 au dimanche 24 s’est tenu, à Stockholm, la 18ème semaine mondiale de l’eau, organisée par l’institut national de l’eau de Stockholm. Thème de la semaine : progrès et propositions dans le domaine de l’eau pour un développement durable dans un monde qui change.
Participaient à cette rencontre des personnalités du monde des affaires, des scientifiques, des représentants de gouvernements, d’organisations inter-gouvernementales, d’ONG, d’organisations des Nations Unies. La semaine devait faire le lien entre pratique, science, décision politique, dans la recherche d’une gestion durable dans le domaine de l’eau.
L’édition 2008 de la semaine de l’eau va examiner les conséquences du réchauffement climatique et la problématique des biocarburants, deux thèmes très à la mode ces jours-ci.
Parallèlement à la semaine mondiale de l’eau et toujours à Stockholm, le gouvernement français organisait une autre rencontre en partenariat avec le PFE (Partenariat Français pour l’Eau), le conseil des ministres africains de l’eau et le groupe de travail … Thème de la rencontre : assainissement, concilier santé publique et environnement, un enjeu africain. Il s’agit de montrer que santé publique et protection de l’environnement ne sont pas opposés mais au contraire liés, quelque soit la technologie considérée, et de présenter une série d’exemples de complémentarité.
Le second grand événement international est la conférence d’Accra. On se souvient que lors de notre première émission de l’année, le 8 janvier, j’avais parlé de la conférence de Bali, qui avait pour objectif de préparer l’accord qui doit remplacer le Protocole de Kyoto.
Récapitulons, et pour cela commençons avec les changements climatiques. Je viens de dire qu’on en avait parlé à Stockholm ; de quoi s’agit-il ? Selon une définition que j’ai pu trouver, les changements climatiques sont des variations des caractéristiques climatiques en un endroit donné au cours du temps, réchauffement ou refroidissement.
Certaines formes de pollution de l’air menacent de modifier sensiblement le climat dans le sens d’un réchauffement global. Ce phénomène peut entraîner des changements importants : élévation du niveau des mers, accentuation des évènements climatiques, sécheresses, inondations, cyclones, déstabilisation des forêts, menaces sur les ressources d’eau douce, difficultés agricoles, désertification, réduction de la biodiversité, extension des maladies tropicales, etc.
Ce changement climatique peut perturber le cycle de l’eau, provoquer une augmentation de la fréquence et de l’intensité des catastrophes naturelles d’origine climatique (sécheresses, inondations, tempêtes, cyclones), menacer de disparition certains espaces côtiers, en particulier les deltas, mangroves, récifs coralliens. Par exemple, 1 % de la superficie de l’Egypte pourrait se trouver sous les eaux ; pour le Bengla Desh, ce serait 17,5 % de sa superficie.
En plusieurs occasions, parlant de ce sujet, j’ai mentionné les petites îles du Pacifique qui pourraient totalement disparaître. Hier, à la télé, je suis tombé sur une émission parlant des conséquences du réchauffement de la planète aux Etats Unis. J’ai retenu ce qui m’intéresse directement, Miami, où toute une série de quartiers disparaîtraient si le niveau de la mer s’élevait de 1,50 m : South Beach, Star Island etc.
Cela a bien sur attiré l’attention des dirigeants à travers le monde et, à la Conférence de Rio, en 1992, on a créé la CCNUCC (Convention Cadre des Nations Unies sur le Changement Climatique) avec pour objectif la stabilisation des émissions de gaz à effet de serre (GES) dans l’atmosphère. Des états ont pris l’engagement de limiter leurs émissions.
Les résultats n’ont pas été encourageants et cinq ans plus tard la Conférence des Parties (les représentants des pays ayant signé la convention cadre) de la CCNUCC a décidé, à sa troisième réunion, d’organiser une rencontre à Kyoto, d’où est sorti le Protocole de Kyoto. Les pays industrialisés (38) se sont engagés à réduire, entre 2008 et 2012, leurs émissions de GES (gaz carbonique, méthane, monoxyde d’azote …) de 5,2 % par rapport à 1990.
Ce Protocole a une durée de 15 ans ; il faudra donc un autre accord en 2012. la conférence de Bali, qui s’est tenue du 1er au 15 décembre 2007, avait pour objectif d’obtenir que les participants prennent des engagements plus sérieux.
On se souvient que le plus grand pays industrialisé, les Etats Unis, avait refusé de signer le Protocole, suivi d’autres comme le Canada et l’Australie. Mais il y a aussi le cas des pas émergents : la Chine, l’Inde, le Brésil. La Chine est actuellement le 2ème pollueur après les Etats Unis, et l’Inde la suit de près. Ils n’avaient pas signé le Protocole parce que, selon eux, dans la phase de développement dans laquelle ils se trouvent actuellement ils ne peuvent pas, par exemple, renoncer à utiliser le charbon minéral comme source d’énergie pour leur industrie ; on sait quele charbon a été à la base de l’industrialisation des actuels pays industrialisés.
Les meilleurs élèves dans ce domaine sont les Européens, qui ont, non seulement signé le Protocole, mais ont atteint une réduction de leurs émissions de GES supérieure à ce qui leur avait été imposé.
La conférence de Bali a failli mal tourner, mais finalement d’autres rendez-vous ont été pris ; il y a eu donc une conférence à Bangkok, une à Bonn, et actuellement on négocie à Accra. Deux points méritent de retenir notre attention :
∙ Le fonds d’adaptation, qui doit permettre aux pays pauvres de faire face aux conséquences des changements climatiques ;
∙ Le transfert de technologie, qui doit permettre aux pays sous-développés de maîtriser les technologies devant rendre l’industrialisation possible sans créer davantage de dégâts.
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Plein feu sur l’Environnement
Les invités de Mélodie and company
Au départ de toute cette entreprise, il y a une série d’articles publiés, entre février 2005 et janvier 2006, dans l’hebdomadaire Haïti en Marche, et qui visaient à engager un vaste débat autour de la réforme agraire. Parallèlement, quelques articles ont touché le problème de la protection de l’environnement qui est certainement un défi majeur auquel nous devons faire face si nous ne voulons pas nous retrouvés assis sur un tas de cailloux.
C’est la conscience de ce défi qui nous a fait saisir l’opportunité d’avoir une série d’émissions sur l’environnement. Ainsi, entre août 2005 et février 2006, nous avons animé, dans le cadre des émissions Mélodie and company qui passaient les après-midi, de 5 à 7, sur les antennes de Mélodie 103.3 FM, une émission hebdomadaire, qui passait le jeudi, sous le thème Développement Durable.
L’utilisation de ce concept de développement durable nous a permis de créer le lien entre les problèmes fonciers qui faisaient l’objet des articles sur la réforme agraire, d’une part, et les articles ou émissions consacrés à l’environnement.
En effet, dès le départ, nous avions décidé de placer nos articles concernant l’environnement naturel sous le chapeau du concept de développement durable, défini dans le Rapport Bruntland « comme celui qui permet de répondre aux besoins du présent sans compromettre les possibilités pour les générations futures de satisfaire les leurs » 1
Le développement Durable
L'expression « développement durable » a été proposée pour la première fois en 1980 dans la Stratégie mondiale de la conservation publiée par l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), le Fonds mondial pour la nature (WWF) et le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE). En 1987, la Commission des Nations Unies sur l'environnement et le développement publie le rapport Notre avenir à tous (Rapport Brundtland) qui va populariser le concept de développement durable. Le rapport Brundtland définit le développement durable comme « un développement qui répond aux besoins des générations actuelles sans pour autant compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs. » En 1991, la nouvelle stratégie de conservation de la nature publiée par l'UICN, le WWF et le PNUE définit le développement durable comme le fait d'améliorer les conditions d'existence des communautés humaines, tout en restant dans les limites de la capacité de charge des écosystèmes.
Le développement durable vise trois objectifs :
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l'intégrité écologique ;
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l'équité entre les nations, les individus et les générations ;
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l'efficacité économique.
La mise en oeuvre de ces trois objectifs s'appuie sur un certain nombre de mesures dont l'énoncé nous aide à mieux saisir l'ampleur du défi qu'ils représentent.
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Maintenir l'intégrité de l'environnement, c'est-à-dire intégrer, dans l'ensemble des actions des communautés humaines, la préoccupation du maintien de la vitalité et de la diversité des gènes, des espèces et de l'ensemble des écosystèmes naturels terrestres et aquatiques, et ce, notamment, par des mesures de protection de la qualité de l'environnement, par la restauration, l'aménagement et le maintien des habitats essentiels aux espèces ainsi que par une gestion durable de l'utilisation des populations animales et végétales exploitées.
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Améliorer l'équité sociale, c'est-à-dire permettre la satisfaction des besoins essentiels des communautés humaines présentes et futures et l'amélioration de la qualité de vie, et ce, notamment, par l'accès pour tous à l'emploi, à l'éducation, aux soins médicaux et aux services sociaux, à un logement de qualité, ainsi que par le respect des droits et des libertés de la personne, et par la participation, pour l'ensemble des groupes de la société, aux différents processus de prise de décision.
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Améliorer l'efficacité économique, c'est-à-dire favoriser une gestion optimale des ressources humaines, naturelles et financières, afin de permettre la satisfaction des besoins des communautés humaines, et ce, notamment, par la responsabilisation des entreprises et des consommateurs au regard des biens et des services qu'ils produisent et utilisent ainsi que par l'adoption de politiques gouvernementales appropriées (principe du pollueur/utilisateur-payeur, internalisation des coûts environnementaux et sociaux, éco-fiscalité, etc).
Le Cadre de Référence
Dans un document daté d’Avril 2006, Jean-Robert Jean-Noël présente ce qu’il appelle « l’approche hexagonale » qui « vise, tout en s’appuyant sur la démarche participative, à développer un cadre harmonieux pour l’évolution de l’humain dans un cadre social équitable, dans un cadre naturel régénéré et bien équipé par des infrastructures adaptées, dans un cadre économique et financier incitatif et dans un cadre politique responsable et démocratique ».2 Et il amène tout de suite ce qu’il appelle « les six capitaux : le capital humain, le capital social, le capital environnemental, le capital infrastructurel, le capital financier et économique et le capital politique ».
Jean-Robert a une approche que je qualifierai, en attendant mieux, d’instrumentale. Les six capitaux qu’il mentionne sont comme des atouts qui doivent nous permettre d’arriver à développer ce « cadre harmonieux » dont il parle. Tout en poursuivant le même objectif, j’ai une approche que je qualifierai d’analytique. Pour moi, les six capitaux dont il parle sont plutôt des « axes d’intervention » qui me serviront à dresser un cadre de référence pour les actions à mener en vue de créer ce « cadre harmonieux ».3
C’est pourquoi je parle donc de :
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Il faut signaler que l’ordre d’énumération de ces axes n’est pas choisi au hasard ;
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au centre de la réflexion il y a l’homme qui est à la fois l’acteur et le bénéficiaire de tous les processus qui se déroulent au sein de la société ; l’axe humain doit donc se trouver en première position ;
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mais cet homme n’est pas seul, il fait partie d’un groupe social ; l’axe social vient donc en seconde position ;
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ce groupe social vit dans un environnement naturel,
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qui a pu être modifié par des aménagements ;
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ce groupe humain exploite son environnement naturel et modifié par les aménagements dans des activités économiques qui doivent lui permettre de satisfaire ces besoins ;
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enfin il est nécessaire que l’ensemble de ces activités connaisse une certaine forme de réglementation pour éviter les dérapages, d’où l’axe politique.
Les six axes peuvent être regroupés deux par deux :
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Les deux premiers sont concernés par les acteurs de toutes les opérations qui se déroulent à l’intérieur de la société :
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Acteurs pris individuellement
Axe Humain
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Acteurs pris en tant que membres d’un regroupement
Axe Social.
Au niveau de ces deux axes, l’accent est mis sur la « capacitation » des acteurs, les actions qui doivent les mettre en mesure de remplir au mieux les rôles qu’ils ont à jouer, soit individuellement, soit en tant que membre d’un groupe social.
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Les deux axes suivants sont concernés par le cadre physique des activités de ces acteurs:
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Le cadre naturel, avec toutes les ressources naturelles que les acteurs sont appelés à exploiter pour satisfaire leurs besoins
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Axe Environnemental,
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Le cadre physique modifié par les infrastructures, les aménagements apportés par les acteurs en fonction de leurs besoins
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Axe Infrastructurel.
Au niveau de ces deux axes, l’accent est mis sur la protection, la conservation, l’utilisation rationnelle du cadre physique. En effet une exploitation abusive des ressources naturelles peut mener à leur raréfaction, voire à leur disparition, avec toutes les conséquences que cela comporte ; de même une utilisation abusive des infrastructures revient à la perte des investissements consentis pour réaliser ces aménagements.
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Les deux derniers axes sont concernés par les mesures qui doivent permettre un déroulement harmonieux des activités des acteurs, en l’occurrence :
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Le financement de ces activités, les investissements
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Axe Economique et Financier,
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La régulation de ces activités
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Axe Politique.
La particularité de ces deux derniers axes est qu’ils voient apparaître un troisième acteur. Jusqu’à présent nous avons eu affaire à des individus ou à des groupes faisant partie de ce qu’on a pris l’habitude d’appeler la « société civile », au niveau de ces deux axes on doit tenir compte du « secteur public ».
Pour arriver au cadre de référence, on croise les six axes, et on obtient une grille avec 36 casiers à l’intérieur de laquelle on peut retrouver, d’une part, toutes les interventions que l’on peut faire en vue de développer le « cadre harmonieux » mentionné plus haut, d’autre part les résultats attendus de ces interventions.
1 Voir Jean-André Victor et Ariston Gilles : Quel modèle de développement durable pour Haïti, in : Education citoyenne et lutte démocratique, MECI, Juillet 2003
2 Jean-Robert Jean-Noël : L’Approche hexagonale (version actualisée), Avril 2006
3 On retiendra que Jean-André Victor, dans le texte mentionné plus loin, parle aussi de « capitaux », de même que Parvis Koohafkan dans un papier présenté à la Conférence Internationale sur la Réforme Agraire et le Développement Rural, Porto Alegre, mars 2006. Il sera intéressant d’y revenir.
Bernard Etheart Page 1 dd/02/yyyy
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Au début de cette année, je me suis lancé dans une tentative de donner un contenu concret à ce concept d’économie verte dont il a tellement été question pendant et autour de la Conférence des Nations Unies sur le Développement Durable qui s’était tenue l’année précédente à Rio de Janeiro. Tentative audacieuse qui m’a coûté la publication de douze papiers sur une période de six mois. Récemment je tombais sur une série de notes concernant une économie dite circulaire. Je n’en ai pas encore parlé à mes lecteurs, mais ai fait une émission là-dessus à la fin du mois dernier. Et voilà que aujourd’hui j’ai sous les yeux un document de l’Agence Française de Développement (AFD) avec pour titre : L’économie sociale et solidaire, un atout pour la coopération décentralisée.
Je vous assure que je ne fais pas exprès. La réalité est que on peut trouver aujourd’hui énormément de publications sur l’économie, qui ne sont cependant pas le fait d’économistes bcbg, mais de citoyens qui tentent d’avoir une autre vision, on pourrait dire une vision alternative de ce secteur dont nous dépendons tous, et je dois dire que c’est une bonne chose. En effet, pour paraphraser Clémenceau, l’économie est une chose trop importante pour qu’on la laisse aux économistes ; j’en veux pour preuve cette crise dans laquelle ils ont plongé le monde avec certaines de leurs belles théories.
Mais qu’est-ce donc que cette économie sociale et solidaire ? Pour répondre à cette question, je vais utiliser un petit encadré qui se trouve au début du document de l’AFD.
Et pour commencer, l’économie sociale. Apparue au xIxème siècle, l’économie sociale se donne pour objectif de faire vivre des initiatives économiques et sociales fondées sur des principes autres que la rentabilité et la rémunération du capital. Elle se caractérise par un certain nombre de principes fondateurs :
$1- liberté d’adhésion,
$1- primauté des personnes et du travail sur le capital dans la répartition de ses surplus et revenus (non-rémunération du capital),
$1- indépendance à l’égard des pouvoirs publics,
$1- gestion interne démocratique.
Le texte cite plusieurs personnalités, penseurs, réformateurs, qui sont considérées comme étant à l’origine de ce mouvement :
Robert Owen, fondateur du mouvement coopératif en Angleterre,
Charles Fourier, penseur des phalanstères (ensemble de bâtiments à usage communautaire),
Philippe Buchez, sociologue, à l’origine des associations ouvrières de production,
Louis Blanc, créateur des ateliers sociaux,
Pierre-Joseph Proudhon, inspirateur du mutuellisme et de l’autogestion.
L’économie solidaire, elle, aurait puisé ses racines dans l’économie sociale. Elle s’est développée, sur des bases militantes, à partir des années 1970, dans un contexte marqué par la crise économique et le chômage. Elle cherche à répondre aux besoins non satisfaits et aux limites des politiques traditionnelles en proposant de nouveaux modes de production et d’alternatives économiques «solidaires» : commerce équitable, insertion par l’activité économique, circuits courts de distribution, etc. Mettant davantage l’accent sur la réduction des inégalités, elle se définit avant tout par ses finalités (insertion, lien social, produire autrement).
Au début des années 2000, ces deux concepts se mêlent pour désigner un ensemble d’activités très diverses qui ont trois points communs :
$1- un projet économique inscrit dans le marché (modèle économique viable, réponse à une demande, création de richesses …),
$1- une finalité sociale (lutte contre l’exclusion, création d’emplois durables, valorisation d’un territoire …),
$1- une gouvernance participative.
L’AFD étant très engagée dans la coopération décentralisée, on comprend que ce soit le côté économie solidaire qui l’intéresse au premier chef, mais pour moi c’est l’économie sociale que je voudrais explorer. La lecture de ces quelques lignes m’a renvoyé à mes années d’université et je me dis que j’aurais intérêt à revisiter quelques-uns de ces auteurs cités plus haut. Ils ont vécu à une époque marquée par les bouleversements provoqués par l’industrialisation. Aujourd’hui, notre société est également dans une période de changement et nous pourrions apprendre d’eux, non pas des recettes toutes faites à mettre en application, mais une méthodologie d’analyse et de propositions de solutions aux problèmes auxquels nous nous faisons face.
Ceci dit, nous ne sommes pas dans la pure théorie. Au cours d’une émission que j’ai faite récemment sur les caisses populaires en Haïti, j’ai pu apprendre qu’elles font face à une menace de voir certains de leurs principes de base mis de côté au profit d’une vision purement « capitaliste », avec toutes les connotations négatives que cela suppose. Je m’étais promis d’approfondir la question, aujourd’hui je suis encore plus encouragé à le faire, car enfin nous ne sommes probablement pas seuls dans ce combat pour un monde plus humain.
Bernard Ethéart
Miami, 16 septembre 2013
HEM Vol. 27 # 35 du 18-24/09/2013