Aménagement des bassins versants : les pré-requis
La semaine dernière (voir Aménagement des bassins versants : les approches, Haïti en Marche, Vol. XXII, No. 51), j’ai mentionné des institutions/programmes : CNIGS, PITDD, sans développer les sigles, ni expliquer de quoi il s’agissait, sachant que cette semaine j’allais y revenir et m’y attarder quelque peu. Nous y voilà donc. Les informations qui vont suivre sont extraites de l’émission réalisée avec Madame Gina Porcena Meneus sur Mélodie FM en octobre de l’année dernière et dont la transcription est disponible sur le site www.etheart.com.
Le Centre National d’Informations Géo-Spatiales (CNIGS) est un organisme public autonome, placé sous la tutelle du Ministère de la Planification et de la Coopération Externe (MPCE). Créé en 2006, il est l’aboutissement d’un processus qui avait commencé 10 ans auparavant, suite à un diagnostic du Service de Géodésie et de Cartographie.
Dans une première étape, en 1998, on est passé par une structure transitoire, une structure de projet, l’Unité de Télédétection et de Système d’Information Géographique (UTSIG), mais logiquement on ne pouvait pas continuer à aller de projet en projet, car les instruments utilisés demandent une utilisation continue. Il fallait une structure permanente. C’est le CNIGS.
Le Programme d’Informations Territoriales pour le Développement Durable (PITDD) entre dans la mouvance de la mise en place du CNIGS. Il est articulé autour de deux composantes :
1. une composante d’appui à la mise en place du nouvel organisme ; renforcement des capacités nationales, tant au niveau de la production des données, que de leur gestion, leur archivage dans de bonnes conditions et leur diffusion, car ces informations sont à la disposition de tout le monde, institutions publiques, institutions privées, ONG, universités, particuliers ...
2. l’autre composante, c’est l’application thématique. On s’est rendu compte qu’on pouvait disposer de données actualisées, mais que la décision d’aménagement et de gestion de l’espace haïtien n’était pas faite sur une base rationnelle. On a donc besoin de mécanismes d’échange, de partenariat, de manière à ce que le PITDD, non seulement appuie le CNIGS, mais aussi que les institutions commencent à utiliser ces données de manière opérationnelle.
Les applications thématiques sont au nombre de six :
∙ Observatoire global du territoire,
∙ Planification et Aménagement du territoire,
∙ Voies de communication et infrastructures géographiques de base,
∙ Informations Agricoles et Sécurité Alimentaire,
∙ Informations pour la gestion des parcs nationaux,
∙ Etudes pour l’aménagement des bassins versants.
J’ai cité l’aménagement des bassins versants en dernier, car c’est cette application qui nous intéresse et que nous allons nous y arrêter un moment.
Au CNIGS, quand il a fallu faire le choix des applications, on a pensé que l’étude pour l’aménagement des bassins versants était fondamentale, compte tenu du fait que nous vivons dans un pays très montagneux, avec un réseau hydrographique très dense, beaucoup de rivières, de ravines, et de ravines qui se créent. Gina disait que si on prend la zone de Fond Verrettes, par exemple, et que l’on compare les cartes d’avant et après 2004, on constate un nombre incroyable de nouvelles ravines.
Dans le cadre de cette application, le CNIGS se propose de choisir un bassin versant et de collecter des données détaillées, à grande échelle, données altimétriques, données pluviométriques, données sur les caractéristiques du sol, le parcours des rivières avec leurs affluents, l’occupation du sol, l’utilisation du sol, la tenure, toutes les données sur l’habitat. Puis il faudra coupler toutes ces données avec des enquêtes. On ira donc sur le terrain, pour procéder à des campagnes de relevé, parler avec les gens, savoir comment ils vivent, comment ils travaillent la terre. Toutes ces informations doivent servir à établir un bon diagnostic du bassin versant et sur cette base, faire un zonage et un plan d’aménagement.
Mais dans l’article de la semaine dernière déjà mentionné, nous avons parlé de la nécessité d’une approche participative, dans laquelle la population qui vit sur le bassin versant, ayant été informée des démarches entreprises en vue d’arriver à l’établissement du plan d’aménagement, y adhère et participe à sa mise en œuvre. Cet aspect est également pris en compte par le programme, car les visites de terrain doivent non seulement permettre de savoir comment les gens comprennent l’espace dans lequel ils vivent, mais aussi leur faire comprendre la démarche et les faire participer dans les choix.
Autrement dit, grâce à l’application thématique ‘bassin versant’ du PITDD, tous ceux qui voudront mettre en œuvre un projet d’aménagement de bassin versant auront à leur disposition une méthodologie leur permettant de prendre en compte tous les aspects que nous avons considérés tout au long de la série d’articles que nous avons consacrée à ce sujet. Le PITDD a démarré en 2005 et est prévu pour une durée de cinq ans ; il ne nous reste plus qu’à souhaiter que d’ici là une nouvelle cascade de catastrophes ne s’abatte pas sur nous avant que nous ne disposions des moyens d’en atténuer les ravages.
Bernard Ethéart
Haïti en Marche, Vol. XXII, No. 52,
du 21 au 27 janvier 2009