Débat

Développement Durable

Domaines

Environnement

Mise en œuvre

Mélodie and company

 

Emission du

27/07/06

Invité

Georges Michel

Thème

Le charbon

 

Transcription

 

Bernard

Aujourd’hui nous avons avec nous le docteur Georges Michel ; nous avons déjà eu 5 émissions avec lui sur :

  • Le transport ferroviaire 17/11/05

  • Le transport maritime 01/12/05

  • Le transport aérien 05/01/06

  • Le transport terrestre 19/01/06

  • L’énergie 02/02/06

  • L’aménagement urbain 20/04/06

Aujourd’hui nous allons parler d’énergie traditionnelle ayant pour source le bois et le charbon de bois. C’est un grand problème à cause des conséquences de l’utilisation de cette source d’énergie :

  • Assèchement et dérégulation des rivières

  • Toute l’eau de pluie s’en va d’un seul coup

  • Pas de réserve

  • Pas de végétation

Georges

Je voudrais dire quelque chose in limine litis : on présente toujours Haïti comme un pays ravagé, désertifié, qui n’a plus que 2 % de couverture forestière, et on présente hypocritement le paysan comme un vandale.

Bernard

Je te remercie pour cette remarque, car je suis toujours en train de prendre la défense du paysan. S’il coupe du bois, c’est parce qu’il n’a pas d’autre source de revenus et parce qu’il y a un marché. Comme on dit : si pa te gen reselè pa ta gen volè.

Quand vous marchez à la campagne, regardez l’habitat du paysan ; chaque fois que vous voyez un bouquet d’arbre, il y a une maison paysanne. On pourrait dire qu’il y a trois niveaux de couverture végétale, trois canopées ; tout en haut il y a l’arbre, en dessous il y a du bananier sous de bananier il y a du café et sous le café il y a un cochon. C’est tout un éco-système.

Georges

Il faut en finir avec cette hypocrisie, et c’est sous ce signe que je veux placer l’émission.

Il y a toute une chaîne : producteur, grossiste, revendeur, détaillant.

On nous vend les produits pétroliers au prix fort, si ou te renmen Ayiti, ou ta kase pri gaz la. Donc il ne nous reste que le bois.

Le bois est ne source d’énergie renouvelable ; on a créé le concept de forêt énergétique. Il faut considérer le bois comme une denrée que l’on récolte. Il faut planter le bois, de manière rationnelle et le récolter de manière rationnelle.

Il y a un autre volet qui est la fabrication du charbon. Nous le faisons de manière artisanale et de cette façon toute une série de produits s’en vont en fumée. Car le bois contient un tas d’éléments, dont, par exemple du sucre. Si nous avions, dans notre organisme un enzyme qu’on appelle la cellulase, nous pourrions digérer le bois comme le font les vaches ou les chevaux.

Mais on peut produire du charbon par distillation du bois ; avec cette méthode, on peut recueillir toute sorte de produits chimique de haute valeur ajoutée dont la commercialisation ferait baisser le prix du charbon.

Il faudrait donc dire au paysan : ne fais pas de charbon, vends moi to bois ; et on produirait le charbon par distillation.

Avec la forêt énergétique, on diminuerait la pression sur le déboisement sauvage qui est dangereux. Nous avons de vastes étendues de terres « maudites », autrefois plantées en sisal : l’ancienne plantation Dauphin, la plaine de l’Arbre, le cap de St Marc, la région de Carriès, dans la commune des Côtes-de-Fer, sur la Gonâve. On peut y planter du bayahonde qui prrmet une récolte chaque 3 ans. De plus le bayahonde est une légumineuse, comme le flamboyant, il enrichit le sol et donne un charbon de bonne qualité.

 

Bernard

Les forêts énergétiques, c’est une idée fixe chez moi. J’en avais parlé avec Gérald Mathurin, quand il était ministre et nous étions arrivés à une idée avec laquelle nous voulions faire d’une pierre deux coups.

Les teres de montagne sont en général des terres de l’Etat. L’idée était donc de faire un contrat avec des associations paysannes : je te donne x carreaux de terre pour planter du bois, tout ce que cela rapporte est à toi, mais tu respectes les normes forestières que je te communique. En Europe, on coupe du bois, mais en sait quand couper et quoi couper ; c’est la gestion de la forêt. Avec cela

  • On produit du bois,

  • On crée des emplois

  • On renforce la couverture végétale.

J’ai même fait un papier sur cela que j’ai distribué à plusieurs personnes, mais sans résultat.

Georges

OXFAM a envoyé un ingénieur agro-forestier, Yves Gatereau, qui travaille sur ce sujet ; ils font des interventions dans les Nippes, mais avec des arbres fruitiers.

Il y a aussi les terres qui faisaient de la canne autrefois et qui pourraient servir à produire du bois. Il est possible qu’on revienne à la canne pour la production de bio-carburant, mais en attendant …

Le gouvernement de Taiwan m’a invité, il y a une vingtaine d’années, à visiter un projet de reboisement. Taiwan est une île un peu plus grande qu’Haïti et très montagneuse. Toutes les terres qui ont plus de 30 % de pente, et qui sont des terres de l’Etat, sont systématiquement reboisées. Résultat : réduction de l’érosion, augmentation du débit des rivières …

Si le Morne l’Hôpital était reboisé, cette lavalasse qui descend sur Port-au-Prince à chaque pluie n’existerait pas.

Je t’invite à aller à Ti Lori, près de la frontière, après Cerca-la-Source. Il y avait là une forêt de pins ; on l’a coupée des deux côté de la frontière. mais il y a une ONG qui a entrepris de reboiser du côté dominicain ; et maintenant on y voit une forêt, on se croirait en Bavière, alors que chez nous le morne est nu.

Bernard

Ce dont tu parles, c’est Plan Sierra

Georges

Je ne sais pas ce qu’est Plan Sierra

Bernard

C’est un projet que j’ai visité l’année dernière ; il a pour objectif la réhabilitation d’une zone qui s’étend, à l’ouest de la ville Santiago, jusqu à la frontière.

Georges

Il y a donc des étapes :

  1. dire au paysan qu’il n’y a aucun mal à couper du bois, mais qu’il faut le faire rationnellement et que de la même façon qu’il plante du petit mil, il peut planter du bois pour le récolter.

  2. il faut des installations de distillation du bois ; on achète le bois du paysan et la récupération des produits chimiques fait baisser le prix du charbon.

Bernard

Parlant de bayahonde, j’’ai entendu un vieil agronome (René Laroche) qui disait que l’on pouvait en tirer du vinaigre …

Mais c’est dans les mornes qu’il faut aller, et, avec l’exemple de Taiwan, tu me donnes raison.

Georges

J’ai lu, dans un numéro du Nouvelliste datant de 1910, un article de Semexan Rouzier sur une excursion à cheval qu’il avait faite dans la Forêt-des-Pins. Si tu regardes une carte de la zone, tu verras un tas de lieux qui s’appellent « Mare … », Mare Blanche, Mare Rouge, Mare Ramier …, et on est en montagne ! L’explication de Semexan Rouzier est qu’il y avait dans ces endroits des réservoirs que les colons avaient construits pour recueillir les eaux de ruissellement, et il dit qu’il a fait boire son cheval dans un de ces bassins. La plupart des bassins ont disparu, mais les noms sont restés. Il est important que nous construisions des réservoirs au début des vallées pour recueillir l’eau de pluie de manière qu’elle n’aille pas causer des dégâts en aval.

Bernard

Ce sont des retenues collinaires.

Je voudrais ouvrir une parenthèse à propos de Semexan Rouzier …

Georges

Les tomes 1 et 2 ont paru en 1894 à Paris ; les tomes 3 ett 4 ont malheureusement été publiés après sa mort en 1928 e les héritiers ont enlevé un tas de détails.

Milot Jean-Baptiste voulait le rééditer.

Bernard

C’est justement là que je voulais en venir ; pourquoi ne faisons-nous pas une campagne pour cette publication ?

Georges

Une institution comme la UNIBANK pourrait sponsoriser cette publication.

Il y a aussi le dictionnaire de Linstant de Pradines qui donne toutes les lois et actes de Jean Jacques Dessalines à Faustin Soulouque. Le Parlement va fêter son 200ème anniversaire, je vais suggérer qu’on réédite les 8 tomes de Linstant de Pradines.

Le manifeste de Praslin de 1842 : toutes les aspirations démocratiques sont là ; on n’a rien inventé depuis 1842…

Le décret de Rivière Hérard de 1843 au sujet de la frontière avec la RD…

J’ai particippé à une rencontre sur le thème des bio-carburants. Or Georges Corvington (tome 5 ou 6) nous apprend qu’Alfred Vieux produisait un alcool qui faisait marcher des moteurs. On se tourne vers les bio-carburants ; on a parlé d’une plante au nom bizarre qui donne du carburant ; déjà le Brésil produit du bio-diesel ; il y a là une piste importante pour Haïti.

Bernard

C’était un des sujets de discussion quand Marcus a accompagné le Président au Brésil. Mais il y a un an et demi environ, il était question d’un projet de production d’éthanol ; le projet venait de RD, mais le promoteur était un haïtien : l’ancien ministre Frantz Flambert. A l’époque, le ministre Mathieu m’avait chargé de chercher des terres pour la plantation de sorgho sucré ; et puis je n’ai plus rien entendu.

Georges

Dans les années 89-90 Fritx Mevs avait construit à la HASCO une colonne de distillation qui devait servir à produire de l’alcool, donc nos usines sucrières pourraient produire de l’alcool.

Bernard

De toute façon le premier produit qui sort de toute guildive est de l’alcool à 95o ; c’est après qu’on règle pour obtenir le fameux « 22 » ; mais ce n’est pas de l’alcool pur.

Georges

Il y a tous les esters…

Bernard

Et Jean Pereira disait que ce sont ces molécules de glucose cassées qui donnaient au rhum ou au clairin tout leur arôme.

Mais revenons à notre énergie ; le Brésil consacre des hectares et des hectares à la production de bio-carburants, mais il a de l’espace, alors que nous …

Georges

Tu fais face à des besoins ; tu peux produire ce qu’il faut pour satisfaire ces besoins. Quand tu survoles le pays tu vois des quantités de terre ; dans le Plateau Central, il y a la Savane Diane, on pourrait y planter cette plante qui permet de produire du bio-carburant.

Jusqu’en 1880, la RH avait divorcé avec la canne, elle représentait l’esclavage. Il a fallu le Président Salomon pour qu’on revienne avec des usines sucrières. Nous avons de nouveau divorcé avec la canne, peut-être faudrat-il y revenir une troisième fois pour avoir des bio-carburants.

On va faire feu de tout bois !

Bernard

Et de tout végétal.

Quelle autre source d’énergie ?

Georges

Dans cette réunion dont je parlais, on a aussi parlé de gestion des fatras ; on peut le brûler ; les excréments fermentés dégagent du méthane.

Bernard

Il y a une institution qui maîtrise cette technologie et j’ai pensé qu’on pourrait l’utiliser pour faire la cuisine dans les cantines scolaires qui pourraient disposer d’une bonne quantité de matière (fécale) première ; mais on m’a fait savoir que les gens n’accepteraient pas de manger des aliments cuits avec un gaz qui vient d’excréments humains.

Georges

En Chine on utilise des matières fécales séchées, par exemple la bourse de vache, pour faire du feu

Bernard

Là j’ai la réaction de mon directeur d’école : cuire le pain avec de la bourse de vache !

Georges

Vespasien disait que l’argent n’a pas d’odeur. En tous cas les experts disent que le carburant à bon marché ne reviendra pas.

Bernard

J’ai vu plusieurs émissions de TV où il est dit qu’on nous ment ; les réserves ne sont pas ce qu’on en dit.

Georges

Il y a des réserves de pétrole en Haïti, on ne les utilise pas.

Bernard

On dit qu’il y a des réserves de pétrole en Haïti, mais est-ce vrai ?

Georges

J’ai une carte d’Henri Thomasset. C’était un homme sérieux …

Bernard

On parle aussi d’or, de cuivre …

Georges

On savait cela depuis le temps de la colonie. Jusque dans les années 60, la banque de Fort Liberté achetait de l’or des paysans.

Bernard

Bennett achetait de l’or dans le Nord-Est dans les années 70.

Georges

Dans la région de St Michel de l’Attalaye il y a une ancienne mine d’or qui donne encore quelque chose. Il y avait une mine de cuivre à la Grande Rivière du Nord qui était opérationnelle dans les années 30-35. C’est le chemin de fer de ton grand-père, Emile Mentré, qui amenait ce métal au Cap Haïtien. La mine de la SEDREN a fermé. Du temps de la colonie, il y avait des mines au Borgne, dans la région de Plaisance-Pilate, à St Michel de l’Attalaye. Et puis on a trouvé de l’or dans la zone de Milot, « Montagne Ste Geneviève ».

On a des gisements de pétrole, mais on dit qu’ils ne sont pas économiques. On a les gisements de schiste bitumineux dans la Grande Anse.

Bernard

Il y a la lignite de Maïssade

Georges

Qui est riche en soufre, ce qui est un avantage ; avant de la brûler on peut extraire le soufre et l’exporter.

Haïti était exportateur de safran.

Bernard

Mon histoire de safran …

Georges

Le schiste bitumineux …

Bernard

Mon histoire de schiste …

Georges

Il y a des gisements que l’on jugeait pas rentable, mais il y a de nouvelles techniques d’extraction.

Bernard

On nous a volé plus d’une heure mais nous avons quand même pu parler de beaucoup de choses. Ce que je retiens : coupler les forêts énergétiques avec la distillation du bois.

Mon histoire de balance pour peser le vétiver …

Georges

Il y a une liane qu’on appelle kudzu que je lancerais sur le Morne-à-Caabrit

Le déboisement a commencé depuis la colonie.

Bernard

L’opinion de Jean Dominique …

Georges

Une photo de Kenscoff en 1910, ce n’’etait pas boisé …

Bernard

Il faut rendre hommage…

Nous avons une dernière émission à faire sur la pèche.

 

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samedi 25 août 2007