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- Category: – Energie (29)
Débat |
Développement Durable |
Domaines |
Environnement |
Mise en œuvre |
Mélodie and company |
Emission du |
27/07/06 |
Invité |
Georges Michel |
Thème |
Le charbon |
Transcription
Bernard |
Aujourd’hui nous avons avec nous le docteur Georges Michel ; nous avons déjà eu 5 émissions avec lui sur :
Aujourd’hui nous allons parler d’énergie traditionnelle ayant pour source le bois et le charbon de bois. C’est un grand problème à cause des conséquences de l’utilisation de cette source d’énergie :
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Georges |
Je voudrais dire quelque chose in limine litis : on présente toujours Haïti comme un pays ravagé, désertifié, qui n’a plus que 2 % de couverture forestière, et on présente hypocritement le paysan comme un vandale. |
Bernard |
Je te remercie pour cette remarque, car je suis toujours en train de prendre la défense du paysan. S’il coupe du bois, c’est parce qu’il n’a pas d’autre source de revenus et parce qu’il y a un marché. Comme on dit : si pa te gen reselè pa ta gen volè. Quand vous marchez à la campagne, regardez l’habitat du paysan ; chaque fois que vous voyez un bouquet d’arbre, il y a une maison paysanne. On pourrait dire qu’il y a trois niveaux de couverture végétale, trois canopées ; tout en haut il y a l’arbre, en dessous il y a du bananier sous de bananier il y a du café et sous le café il y a un cochon. C’est tout un éco-système. |
Georges |
Il faut en finir avec cette hypocrisie, et c’est sous ce signe que je veux placer l’émission. Il y a toute une chaîne : producteur, grossiste, revendeur, détaillant. On nous vend les produits pétroliers au prix fort, si ou te renmen Ayiti, ou ta kase pri gaz la. Donc il ne nous reste que le bois. Le bois est ne source d’énergie renouvelable ; on a créé le concept de forêt énergétique. Il faut considérer le bois comme une denrée que l’on récolte. Il faut planter le bois, de manière rationnelle et le récolter de manière rationnelle. Il y a un autre volet qui est la fabrication du charbon. Nous le faisons de manière artisanale et de cette façon toute une série de produits s’en vont en fumée. Car le bois contient un tas d’éléments, dont, par exemple du sucre. Si nous avions, dans notre organisme un enzyme qu’on appelle la cellulase, nous pourrions digérer le bois comme le font les vaches ou les chevaux. Mais on peut produire du charbon par distillation du bois ; avec cette méthode, on peut recueillir toute sorte de produits chimique de haute valeur ajoutée dont la commercialisation ferait baisser le prix du charbon. Il faudrait donc dire au paysan : ne fais pas de charbon, vends moi to bois ; et on produirait le charbon par distillation. Avec la forêt énergétique, on diminuerait la pression sur le déboisement sauvage qui est dangereux. Nous avons de vastes étendues de terres « maudites », autrefois plantées en sisal : l’ancienne plantation Dauphin, la plaine de l’Arbre, le cap de St Marc, la région de Carriès, dans la commune des Côtes-de-Fer, sur la Gonâve. On peut y planter du bayahonde qui prrmet une récolte chaque 3 ans. De plus le bayahonde est une légumineuse, comme le flamboyant, il enrichit le sol et donne un charbon de bonne qualité.
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Bernard |
Les forêts énergétiques, c’est une idée fixe chez moi. J’en avais parlé avec Gérald Mathurin, quand il était ministre et nous étions arrivés à une idée avec laquelle nous voulions faire d’une pierre deux coups. Les teres de montagne sont en général des terres de l’Etat. L’idée était donc de faire un contrat avec des associations paysannes : je te donne x carreaux de terre pour planter du bois, tout ce que cela rapporte est à toi, mais tu respectes les normes forestières que je te communique. En Europe, on coupe du bois, mais en sait quand couper et quoi couper ; c’est la gestion de la forêt. Avec cela
J’ai même fait un papier sur cela que j’ai distribué à plusieurs personnes, mais sans résultat. |
Georges |
OXFAM a envoyé un ingénieur agro-forestier, Yves Gatereau, qui travaille sur ce sujet ; ils font des interventions dans les Nippes, mais avec des arbres fruitiers. Il y a aussi les terres qui faisaient de la canne autrefois et qui pourraient servir à produire du bois. Il est possible qu’on revienne à la canne pour la production de bio-carburant, mais en attendant … Le gouvernement de Taiwan m’a invité, il y a une vingtaine d’années, à visiter un projet de reboisement. Taiwan est une île un peu plus grande qu’Haïti et très montagneuse. Toutes les terres qui ont plus de 30 % de pente, et qui sont des terres de l’Etat, sont systématiquement reboisées. Résultat : réduction de l’érosion, augmentation du débit des rivières … Si le Morne l’Hôpital était reboisé, cette lavalasse qui descend sur Port-au-Prince à chaque pluie n’existerait pas. Je t’invite à aller à Ti Lori, près de la frontière, après Cerca-la-Source. Il y avait là une forêt de pins ; on l’a coupée des deux côté de la frontière. mais il y a une ONG qui a entrepris de reboiser du côté dominicain ; et maintenant on y voit une forêt, on se croirait en Bavière, alors que chez nous le morne est nu. |
Bernard |
Ce dont tu parles, c’est Plan Sierra |
Georges |
Je ne sais pas ce qu’est Plan Sierra |
Bernard |
C’est un projet que j’ai visité l’année dernière ; il a pour objectif la réhabilitation d’une zone qui s’étend, à l’ouest de la ville Santiago, jusqu à la frontière. |
Georges |
Il y a donc des étapes :
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Bernard |
Parlant de bayahonde, j’’ai entendu un vieil agronome (René Laroche) qui disait que l’on pouvait en tirer du vinaigre … Mais c’est dans les mornes qu’il faut aller, et, avec l’exemple de Taiwan, tu me donnes raison. |
Georges |
J’ai lu, dans un numéro du Nouvelliste datant de 1910, un article de Semexan Rouzier sur une excursion à cheval qu’il avait faite dans la Forêt-des-Pins. Si tu regardes une carte de la zone, tu verras un tas de lieux qui s’appellent « Mare … », Mare Blanche, Mare Rouge, Mare Ramier …, et on est en montagne ! L’explication de Semexan Rouzier est qu’il y avait dans ces endroits des réservoirs que les colons avaient construits pour recueillir les eaux de ruissellement, et il dit qu’il a fait boire son cheval dans un de ces bassins. La plupart des bassins ont disparu, mais les noms sont restés. Il est important que nous construisions des réservoirs au début des vallées pour recueillir l’eau de pluie de manière qu’elle n’aille pas causer des dégâts en aval. |
Bernard |
Ce sont des retenues collinaires. Je voudrais ouvrir une parenthèse à propos de Semexan Rouzier … |
Georges |
Les tomes 1 et 2 ont paru en 1894 à Paris ; les tomes 3 ett 4 ont malheureusement été publiés après sa mort en 1928 e les héritiers ont enlevé un tas de détails. Milot Jean-Baptiste voulait le rééditer. |
Bernard |
C’est justement là que je voulais en venir ; pourquoi ne faisons-nous pas une campagne pour cette publication ? |
Georges |
Une institution comme la UNIBANK pourrait sponsoriser cette publication. Il y a aussi le dictionnaire de Linstant de Pradines qui donne toutes les lois et actes de Jean Jacques Dessalines à Faustin Soulouque. Le Parlement va fêter son 200ème anniversaire, je vais suggérer qu’on réédite les 8 tomes de Linstant de Pradines. Le manifeste de Praslin de 1842 : toutes les aspirations démocratiques sont là ; on n’a rien inventé depuis 1842… Le décret de Rivière Hérard de 1843 au sujet de la frontière avec la RD… J’ai particippé à une rencontre sur le thème des bio-carburants. Or Georges Corvington (tome 5 ou 6) nous apprend qu’Alfred Vieux produisait un alcool qui faisait marcher des moteurs. On se tourne vers les bio-carburants ; on a parlé d’une plante au nom bizarre qui donne du carburant ; déjà le Brésil produit du bio-diesel ; il y a là une piste importante pour Haïti. |
Bernard |
C’était un des sujets de discussion quand Marcus a accompagné le Président au Brésil. Mais il y a un an et demi environ, il était question d’un projet de production d’éthanol ; le projet venait de RD, mais le promoteur était un haïtien : l’ancien ministre Frantz Flambert. A l’époque, le ministre Mathieu m’avait chargé de chercher des terres pour la plantation de sorgho sucré ; et puis je n’ai plus rien entendu. |
Georges |
Dans les années 89-90 Fritx Mevs avait construit à la HASCO une colonne de distillation qui devait servir à produire de l’alcool, donc nos usines sucrières pourraient produire de l’alcool. |
Bernard |
De toute façon le premier produit qui sort de toute guildive est de l’alcool à 95o ; c’est après qu’on règle pour obtenir le fameux « 22 » ; mais ce n’est pas de l’alcool pur. |
Georges |
Il y a tous les esters… |
Bernard |
Et Jean Pereira disait que ce sont ces molécules de glucose cassées qui donnaient au rhum ou au clairin tout leur arôme. Mais revenons à notre énergie ; le Brésil consacre des hectares et des hectares à la production de bio-carburants, mais il a de l’espace, alors que nous … |
Georges |
Tu fais face à des besoins ; tu peux produire ce qu’il faut pour satisfaire ces besoins. Quand tu survoles le pays tu vois des quantités de terre ; dans le Plateau Central, il y a la Savane Diane, on pourrait y planter cette plante qui permet de produire du bio-carburant. Jusqu’en 1880, la RH avait divorcé avec la canne, elle représentait l’esclavage. Il a fallu le Président Salomon pour qu’on revienne avec des usines sucrières. Nous avons de nouveau divorcé avec la canne, peut-être faudrat-il y revenir une troisième fois pour avoir des bio-carburants. On va faire feu de tout bois ! |
Bernard |
Et de tout végétal. Quelle autre source d’énergie ? |
Georges |
Dans cette réunion dont je parlais, on a aussi parlé de gestion des fatras ; on peut le brûler ; les excréments fermentés dégagent du méthane. |
Bernard |
Il y a une institution qui maîtrise cette technologie et j’ai pensé qu’on pourrait l’utiliser pour faire la cuisine dans les cantines scolaires qui pourraient disposer d’une bonne quantité de matière (fécale) première ; mais on m’a fait savoir que les gens n’accepteraient pas de manger des aliments cuits avec un gaz qui vient d’excréments humains. |
Georges |
En Chine on utilise des matières fécales séchées, par exemple la bourse de vache, pour faire du feu |
Bernard |
Là j’ai la réaction de mon directeur d’école : cuire le pain avec de la bourse de vache ! |
Georges |
Vespasien disait que l’argent n’a pas d’odeur. En tous cas les experts disent que le carburant à bon marché ne reviendra pas. |
Bernard |
J’ai vu plusieurs émissions de TV où il est dit qu’on nous ment ; les réserves ne sont pas ce qu’on en dit. |
Georges |
Il y a des réserves de pétrole en Haïti, on ne les utilise pas. |
Bernard |
On dit qu’il y a des réserves de pétrole en Haïti, mais est-ce vrai ? |
Georges |
J’ai une carte d’Henri Thomasset. C’était un homme sérieux … |
Bernard |
On parle aussi d’or, de cuivre … |
Georges |
On savait cela depuis le temps de la colonie. Jusque dans les années 60, la banque de Fort Liberté achetait de l’or des paysans. |
Bernard |
Bennett achetait de l’or dans le Nord-Est dans les années 70. |
Georges |
Dans la région de St Michel de l’Attalaye il y a une ancienne mine d’or qui donne encore quelque chose. Il y avait une mine de cuivre à la Grande Rivière du Nord qui était opérationnelle dans les années 30-35. C’est le chemin de fer de ton grand-père, Emile Mentré, qui amenait ce métal au Cap Haïtien. La mine de la SEDREN a fermé. Du temps de la colonie, il y avait des mines au Borgne, dans la région de Plaisance-Pilate, à St Michel de l’Attalaye. Et puis on a trouvé de l’or dans la zone de Milot, « Montagne Ste Geneviève ». On a des gisements de pétrole, mais on dit qu’ils ne sont pas économiques. On a les gisements de schiste bitumineux dans la Grande Anse. |
Bernard |
Il y a la lignite de Maïssade |
Georges |
Qui est riche en soufre, ce qui est un avantage ; avant de la brûler on peut extraire le soufre et l’exporter. Haïti était exportateur de safran. |
Bernard |
Mon histoire de safran … |
Georges |
Le schiste bitumineux … |
Bernard |
Mon histoire de schiste … |
Georges |
Il y a des gisements que l’on jugeait pas rentable, mais il y a de nouvelles techniques d’extraction. |
Bernard |
On nous a volé plus d’une heure mais nous avons quand même pu parler de beaucoup de choses. Ce que je retiens : coupler les forêts énergétiques avec la distillation du bois. Mon histoire de balance pour peser le vétiver … |
Georges |
Il y a une liane qu’on appelle kudzu que je lancerais sur le Morne-à-Caabrit Le déboisement a commencé depuis la colonie. |
Bernard |
L’opinion de Jean Dominique … |
Georges |
Une photo de Kenscoff en 1910, ce n’’etait pas boisé … |
Bernard |
Il faut rendre hommage… Nous avons une dernière émission à faire sur la pèche. |
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samedi 25 août 2007
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- Category: – Energie (29)
Emission du |
12/02/08 |
Thème |
Les biocarburants |
Transcription
Cet après-midi nous allons aborder un thème dont on parle beaucoup: les biocarburants. Nous verrons comment on les définit, mais commençons par poser le problème.
Nous en avons déjà parlé, c’est le fameux problème des gaz à effet de serre (GES). L’homme, l’espèce humaine, produit chaque année 24 mrd de tonnes de gaz carbonique (CO2) qu’il lâche dans l’atmosphère, et nous savons que le CO2 est un des GES responsables du réchauffement de la planète, avec comme conséquences l’augmentation de la température, la fonte des glaciers aux pôles nord et sud et dans les hautes montagnes, l’élévation du niveau de la mer avec la disparition de petites îles de l’Océan Pacifique ...
La production de CO2 se fait à partir de la respiration. Nous avons appris à l’école que, en respirant, nous absorbons l’oxygène de l’air et rejetons du CO2. Il y a des réactions chimiques qui se passent au niveau du poumon: l’oxygène se fixe sur l’hémoglobine, tandis que le CO2 est rejeté. L’homme est donc producteur de CO2, mais pas seulement l’homme, tous les êtres vivants, les animaux comme les végétaux respirent.
Seconde grande source de CO2 la combustion. Quand nous brûlons quelque chose, du papier, du bois, nous produisons du CO2; la fumée qui se dégage est faite en grande partie de CO2.
Mais il y a ce qu’on appelle le cycle du carbone. En même temps que la respiration et la combustion produisent du CO2, il y a un mécanisme, connu comme la photosynthèse, une réaction chimique très compliquée, qui se passe chez les végétaux, dans leurs parties vertes, donc les feuilles et les jeunes tiges, au cours de laquelle une substance, que l’on appelle la chlorophylle, absorbe le CO2 de l’air et rejette de l’oxygène. C’est donc l’inverse de la respiration; dans la respiration, l’oxygène est absorbé et le CO2 rejeté, dans la photosynthèse, le CO2 est absorbé et l’oxygène rejeté.
La plante se sert de ce CO2 pour fabriquer la matière qui la constitue, le bois, qui est fait de cellulose, et la cellulose c’est essentiellement du carbone.
C’est donc le cycle du carbone. Une molécule de CO2 que j’ai rejetée dans l’air peut être absorbée par une plante qui en prendra le carbone pour fabriquer de la cellulose. Si j brûle du bois, je produirai du CO2 qui pourra être absorbé par une autre plante.
Il y a par contre ce que l’on appelle les énergies fossiles: le pétrole, le gaz naturel, le charbon minéral, la houille. On trouve cette dernière en particulier dans la Ruhr, bassin houiller situé dans l’est de l’Allemagne, dans le nord de la France, en Belgique, en Grande Bretagne, aux USA, en Chine et un peu partout dans le monde.
D’une manière générale, l’industrialisation s’est faite à partir de ce charbon minéral qui permettait de produire suffisamment de chaleur pour traiter les minerais métalliques, par exemple le minerai de fer à partir de quoi on pouvait produire de l’acier.
On les appelle «énergies fossiles», parce que ces gisements de houille, de pétrole ou de gaz sont enfouis dans le sous-sol depuis plusieurs milliers d’années; ils sont le résultat d’une décomposition de végétaux qui remonte à plusieurs millénaires.
Ce qui se passe avec ces énergies fossiles, c’est que leur combustion produit évidemment du CO2, mais ce carbone vient s’ajouter au CO2 qui était dans le cycle du carbone, alors que quand on brûle du bois ou du charbon de bois, le carbone dégagé sous forme de CO2 était déjà dans le cycle. C’est ce carbone supplémentaire qui va augmenter la quantité de CO2 qui se concentre dans le couches supérieures de l’atmosphère, provoquant l’effet de serre.
Quid maintenant des biocarburants? Un carburant c’est, par exemple, l’essence que nous utilisons pour faire marcher le moteur de notre voiture; ce qui explique que la pièce qui amène cette essence au moteur s’appelait un carburateur. Un biocarburant est produit à partir de matières renouvelables et non fossiles, autrement dit contenant un carbone qui était déjà dans le cycle du carbone.
Il y a différentes techniques de production de biocarburant. Nous avons parlé, par exemple, avec Tanguy Armand, du jatropha dont l’huile peut servir à produire du biodiesel. On peut aussi partir de l’éthanol, l’alcool éthylique que nous connaissons tous. Les guildives produisent cet alcool par distillation du jus de canne-à-sucre. Tout le carbone contenu dans ces biocarburants était déjà dans le cycle puisque venant de végétaux.
On peut fabriquer des carburants gazeux à partir de la biomasse végétale ou animale. Nous avons eu une émission avec George Michel sur le charbon, où il nous disait qu’il existe une technologie qui permet de produire du méthane à partir de matières fécales. Le méthane est un gaz de la même famille que le butane ou le propane que nous utilisons dans les fours pour faire cuire les aliments. Tous ces gaz sont composés de carbone et d’hydrogène; la différence est dans le nombre d’atomes de carbone dans la molécule de gaz; 1 pour le méthane, 3 pour le propane, 4 pour le butane; il y a aussi l’éthane qui a deux atomes de carbone.
Ce méthane peut donc être utilisé dans un four pour la cuisson. Selon George Michel, cette technologie est connue en Haïti; et nous disions que dans une école, par exemple, où il y a beaucoup d’enfants, donc une grande quantité de matière fécale, on pourrait utiliser cette technique pour faire cuire les aliments dans la cantine de l’école. Le problème est de savoir si les parents des enfants accepteraient que leurs enfants mangent une nourriture cuite avec un gaz de cette provenance.
Enfin nous devons mentionner les carburants solides, dont notre bon vieux charbon de bois.
Il y a toute une discussion autour de terme de «biocarburant». Le préfixe «bio» vient du mot grec «bios» qui signifie la vie. «Le bio-carburant» est donc un carburant fabriqué à partir de matière vivante, de matière organique. Mais on signale que le préfixe «bio» fait penser à l’agriculture biologique, qui n’utilise pas d’intrants chimiques, et on propose de parler plutôt de carburant vert, ou de carburant végétal, ou d’agro-carburants.
L’atout des biocarburants est qu’ils respectent le cycle du carbone. On parle donc beaucoup de biocarburants depuis quelque temps, mais si on remonte dans l’histoire, on verra que ce n’est pas si nouveau.
Les biocarburants ont apparu en même temps que l’industrie automobile. L’inventeur du moteur à explosion, Nikolaus Otto, avait fabriqué un moteur qui marchait à l’éthanol; la fameuse Ford T (1903-1926) marchait à l’éthanol. Le moteur inventé par Rudolf Diesel marchait à l’huile d’arachide. En France, on a fait marcher des voitures au gazogène, un appareil qui faisait une combustion incomplète du bois, produisant un gaz qui faisait marcher les moteurs.
Combustion incomplète … cela me rappelle cette même émission avec George Michel, où il disait que la technique de fabrication du charbon des paysans faisait perdre toute une série de substances gazeuses, alors qu’il existait une autre technique qui permettait de conserver ces gaz, qui pouvaient servir à autre chose. Quand on parle de gazogène, c’est probablement de cela qu’il s’agit.
Avec l’exploitation du pétrole, on a oublié ces carburants. Puis sont arrivés les chocs pétroliers; le prix du pétrole a commencé à monter et on s’est mis à penser à des alternatives. C’est aussi l’époque où on a pris des mesures pour réduire la consommation d’essence; c’est aussi l’époque où les petites voitures japonaises ont commencé à envahir le marché US.
A partir de 2000, non seulement le prix du pétrole continuait à monter, mais on est devenu de plus en plus conscient du problème du réchauffement climatique du aux gaz à effet de serre. L’intérêt pour les biocarburants croît.
Il y a cependant un inconvénient. La production de biocarburants peut entrer en compétition avec la production alimentaire. Fidel Castro a publié un texte où il proteste contre la production d’éthanol comme carburant, considérant que c’est une honte, dans un monde où la majorité de la population souffre de famine, de prendre des aliments pour faire marcher des voitures. Il y a des scientifiques qui ont sonné l’alarme, disant que la production d’éthanol comme carburant peut provoquer une augmentation des prix des aliments.
On a le cas du maïs; car si nous produisons de l’alcool à partir de la canne-à-sucre, dans certains pays, on utilise le maïs; et cela s’est répercuté au Mexique, où le maïs sert à la fabrication de tortillas qui sont une sorte de plat national.
Mais on constate aussi une augmentation du prix de la viande, car, dans l’élevage bovin, on utilise du maïs pour alimenter le bétail.
En Allemagne, le prix du malt a doublé.
L’utilisation d’aliments pour produire de l’éthanol entre donc en compétition avec l’alimentation des hommes et des animaux, donc indirectement encore des hommes, et c’est bien ce que disait Fidel.
Il y a une autre conséquence négative: la déforestation. Il y a des zones où on fait des plantations pour la production de biocarburants. Ainsi en Malaisie, où la forêt vierge est en train de disparaître au profit de la plantation de palmiers pour la production d’huile. 6 millions d’ha ont déjà disparu; en Indonésie 16 millions d’ha sont condamnés. Le problème est que la masse végétale que représente la plantation de palmiers est bien inférieure à celle de la forêt. On parle aussi du Kenya, du Togo, du Libéria, et surtout du Brésil, dont la forêt amazonienne est de la plus haute importance pour l’ensemble de la planète.
C’est un effet de la folie humaine et je fais la même réflexion qu’au sujet des OGM.
Mais revenons en Haïti. La semaine dernière, il y avait une petite cérémonie sur le Plateau Central, et des représentants du MPP sont venus avec des pancartes critiquant «la politique des agro-carburants du gouvernement Préval-Alexis, qualifiée de plan lanmò». Je suis d’accord pour ne pas remplacer des cultures dédiées à l’alimentation humaine par des productions destinées à faire marcher des moteurs. La sécurité alimentaire de la population doit être garantie.
Il semblerait qu’en Europe, ou tout au moins en France, ils n’aient pas ce problème. Ils auraient des terres qui ne sont pas cultivées. L’Etat paierait des paysans pour ne pas produire afin d’éviter la surproduction qui ferait chuter les prix des aliments. Si maintenant on prend ces terres pour produire des biocarburants, il n’y a pas de problème.
En Haïti, il y a des quantités de terres qui ne sont pas cultivées; on pourrait les utiliser pour produire des biocarburants. Selon le document du GTA, plus de la moitié des terres ont des pentes supérieures à 40 %. Actuellement 1.500.000 ha sont cultivés, mais seulement 770.000 ha sont cultivables; il y aurait donc 2.005.000 ha sur lesquels on n’a pas le droit de faire des cultures sarclées. On pourrait les utiliser pour des plantes pérennes capables de produire des biocarburants, par exemple le jatropha.
Le MPP avait un autre dossier: l’énergie. Il proteste contre l’utilisation du charbon de bois et estime qu’il faut que l’Etat se débrouille pour fournir d’autres carburants. Je faisais la même réflexion à propos des boulangeries, des guildives, des dry cleaning, et demandais un arrêté donnant un délai à toutes ces entreprises pour qu’elles se reconvertissent en passant du bois au pétrole. Maintenant que je connais le cycle du carbone, je me dis qu’il vaut encore mieux rester au bois, à condition de renouveler la ressource, ce qui me ramène à une autre de mes idées fixes: les forêts énergétiques.
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- Category: – Energie (29)
Emission du |
27/07/06 |
Invité |
Georges Michel |
Thème |
Le charbon |
Transcription
Bernard |
Aujourd’hui nous avons avec nous le docteur Georges Michel ; nous avons déjà eu 6 émissions avec lui sur : . Le transport ferroviaire 17/11/05 . Le transport maritime 01/12/05 . Le transport aérien 05/01/06 . Le transport terrestre 19/01/06 . L’énergie 02/02/06 . L’aménagement urbain 20/04/06 Cette fois-ci, nous allons parler d’énergie traditionnelle ayant pour source le bois et le charbon de bois. C’est un grand problème à cause des conséquences de l’utilisation de cette source d’énergie : . Assèchement et dérégulation des rivières . Toute l’eau de pluie s’en va d’un seul coup . Pas de réserve . Pas de végétation
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Georges |
Je voudrais dire quelque chose in limine litis : on présente toujours Haïti comme un pays ravagé, désertifié, qui n’a plus que 2 % de couverture forestière, et on présente hypocritement le paysan comme un vandale.
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Bernard |
Je te remercie pour cette remarque, car je suis toujours en train de prendre la défense du paysan. S’il coupe du bois, c’est parce qu’il n’a pas d’autre source de revenus et parce qu’il y a un marché. Comme on dit : si pa te gen reselè pa ta gen volè. Quand vous marchez à la campagne, regardez l’habitat du paysan ; chaque fois que vous voyez un bouquet d’arbre, il y a une maison paysanne. On pourrait dire qu’il y a trois niveaux de couverture végétale, trois canopées ; tout en haut il y a l’arbre, en dessous il y a du bananier sous de bananier il y a du café et sous le café il y a un cochon. C’est tout un éco-système.
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Georges |
Il faut en finir avec cette hypocrisie, et c’est sous ce signe que je veux placer l’émission. Il y a toute une chaîne : producteur, grossiste, revendeur, détaillant. On nous vend les produits pétroliers au prix fort, si ou te renmen Ayiti, ou ta kase pri gaz la. Donc il ne nous reste que le bois. Le bois est ne source d’énergie renouvelable ; on a créé le concept de forêt énergétique. Il faut considérer le bois comme une denrée que l’on récolte. Il faut planter le bois, de manière rationnelle et le récolter de manière rationnelle. Il y a un autre volet qui est la fabrication du charbon. Nous le faisons de manière artisanale et de cette façon toute une série de produits s’en vont en fumée. Car le bois contient un tas d’éléments, dont, par exemple du sucre. Si nous avions, dans notre organisme un enzyme qu’on appelle la cellulase, nous pourrions digérer le bois comme le font les vaches ou les chevaux. Mais on peut produire du charbon par distillation du bois ; avec cette méthode, on peut recueillir toute sorte de produits chimique de haute valeur ajoutée dont la commercialisation ferait baisser le prix du charbon. Il faudrait donc dire au paysan : ne fais pas de charbon, vends moi to bois ; et on produirait le charbon par distillation. Avec la forêt énergétique, on diminuerait la pression sur le déboisement sauvage qui est dangereux. Nous avons de vastes étendues de terres « maudites », autrefois plantées en sisal : l’ancienne plantation Dauphin, la plaine de l’Arbre, le cap de St Marc, la région de Carriès, dans la commune des Côtes-de-Fer, sur la Gonâve. On peut y planter du bayahonde qui prrmet une récolte chaque 3 ans. De plus le bayahonde est une légumineuse, comme le flamboyant, il enrichit le sol et donne un charbon de bonne qualité.
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Bernard |
Les forêts énergétiques, c’est une idée fixe chez moi. J’en avais parlé avec Gérald Mathurin, quand il était ministre et nous étions arrivés à une idée avec laquelle nous voulions faire d’une pierre deux coups. Les terres de montagne sont en général des terres de l’Etat. L’idée était donc de faire un contrat avec des associations paysannes : je te donne x carreaux de terre pour planter du bois, tout ce que cela rapporte est à toi, mais tu respectes les normes forestières que je te communique. En Europe, on coupe du bois, mais en sait quand couper et quoi couper ; c’est la gestion de la forêt. Avec cela . On produit du bois, . On crée des emplois . On renforce la couverture végétale. J’ai même fait un papier sur cela que j’ai distribué à plusieurs personnes, mais sans résultat.
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Georges |
OXFAM a envoyé un ingénieur agro-forestier, Yves Gatereau, qui travaille sur ce sujet ; ils font des interventions dans les Nippes, mais avec des arbres fruitiers. Il y a aussi les terres qui faisaient de la canne autrefois et qui pourraient servir à produire du bois. Il est possible qu’on revienne à la canne pour la production de bio-carburant, mais en attendant … Le gouvernement de Taiwan m’a invité, il y a une vingtaine d’années, à visiter un projet de reboisement. Taiwan est une île un peu plus grande qu’Haïti et très montagneuse. Toutes les terres qui ont plus de 30 % de pente, et qui sont des terres de l’Etat, sont systématiquement reboisées. Résultat : réduction de l’érosion, augmentation du débit des rivières … Si le Morne l’Hôpital était reboisé, cette lavalasse qui descend sur Port-au-Prince à chaque pluie n’existerait pas. Je t’invite à aller à Ti Lori, près de la frontière, après Cerca-la-Source. Il y avait là une forêt de pins ; on l’a coupée des deux côté de la frontière. mais il y a une ONG qui a entrepris de reboiser du côté dominicain ; et maintenant on y voit une forêt, on se croirait en Bavière, alors que chez nous le morne est nu.
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Bernard |
Ce dont tu parles, c’est Plan Sierra
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Georges |
Je ne sais pas ce qu’est Plan Sierra
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Bernard |
C’est un projet que j’ai visité l’année dernière ; il a pour objectif la réhabilitation d’une zone qui s’étend, à l’ouest de la ville Santiago, jusqu à la frontière.
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Georges |
Il y a donc des étapes : 1. dire au paysan qu’il n’y a aucun mal à couper du bois, mais qu’il faut le faire rationnellement et que de la même façon qu’il plante du petit mil, il peut planter du bois pour le récolter. 2. il faut des installations de distillation du bois ; on achète le bois du paysan et la récupération des produits chimiques fait baisser le prix du charbon.
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Bernard |
Parlant de bayahonde, j’’ai entendu un vieil agronome (René Laroche) qui disait que l’on pouvait en tirer du vinaigre … Mais c’est dans les mornes qu’il faut aller, et, avec l’exemple de Taiwan, tu me donnes raison.
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Georges |
J’ai lu, dans un numéro du Nouvelliste datant de 1910, un article de Semexan Rouzier sur une excursion à cheval qu’il avait faite dans la Forêt-des-Pins. Si tu regardes une carte de la zone, tu verras un tas de lieux qui s’appellent « Mare … », Mare Blanche, Mare Rouge, Mare Ramier …, et on est en montagne ! L’explication de Semexan Rouzier est qu’il y avait dans ces endroits des réservoirs que les colons avaient construits pour recueillir les eaux de ruissellement, et il dit qu’il a fait boire son cheval dans un de ces bassins. La plupart des bassins ont disparu, mais les noms sont restés. Il est important que nous construisions des réservoirs au début des vallées pour recueillir l’eau de pluie de manière qu’elle n’aille pas causer des dégâts en aval.
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Bernard |
Ce sont des retenues collinaires. Je voudrais ouvrir une parenthèse à propos de Semexan Rouzier …
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Georges |
Les tomes 1 et 2 ont paru en 1894 à Paris ; les tomes 3 ett 4 ont malheureusement été publiés après sa mort en 1928 e les héritiers ont enlevé un tas de détails. Milot Jean-Baptiste voulait le rééditer.
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Bernard |
C’est justement là que je voulais en venir ; pourquoi ne faisons-nous pas une campagne pour cette publication ?
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Georges |
Une institution comme la UNIBANK pourrait sponsoriser cette publication. Il y a aussi le dictionnaire de Linstant de Pradines qui donne toutes les lois et actes de Jean Jacques Dessalines à Faustin Soulouque. Le Parlement va fêter son 200ème anniversaire, je vais suggérer qu’on réédite les 8 tomes de Linstant de Pradines. Le manifeste de Praslin de 1842 : toutes les aspirations démocratiques sont là ; on n’a rien inventé depuis 1842… Le décret de Rivière Hérard de 1843 au sujet de la frontière avec la RD… J’ai particippé à une rencontre sur le thème des bio-carburants. Or Georges Corvington (tome 5 ou 6) nous apprend qu’Alfred Vieux produisait un alcool qui faisait marcher des moteurs. On se tourne vers les bio-carburants ; on a parlé d’une plante au nom bizarre qui donne du carburant ; déjà le Brésil produit du bio-diesel ; il y a là une piste importante pour Haïti.
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Bernard |
C’était un des sujets de discussion quand Marcus a accompagné le Président au Brésil. Mais il y a un an et demi environ, il était question d’un projet de production d’éthanol ; le projet venait de RD, mais le promoteur était un haïtien : l’ancien ministre Frantz Flambert. A l’époque, le ministre Mathieu m’avait chargé de chercher des terres pour la plantation de sorgho sucré ; et puis je n’ai plus rien entendu.
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Georges |
Dans les années 89-90 Fritx Mevs avait construit à la HASCO une colonne de distillation qui devait servir à produire de l’alcool, donc nos usines sucrières pourraient produire de l’alcool.
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Bernard |
De toute façon le premier produit qui sort de toute guildive est de l’alcool à 95o ; c’est après qu’on règle pour obtenir le fameux « 22 » ; mais ce n’est pas de l’alcool pur.
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Georges |
Il y a tous les esters…
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Bernard |
Et Jean Pereira disait que ce sont ces molécules de glucose cassées qui donnaient au rhum ou au clairin tout leur arôme. Mais revenons à notre énergie ; le Brésil consacre des hectares et des hectares à la production de bio-carburants, mais il a de l’espace, alors que nous …
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Georges |
Tu fais face à des besoins ; tu peux produire ce qu’il faut pour satisfaire ces besoins. Quand tu survoles le pays tu vois des quantités de terre ; dans le Plateau Central, il y a la Savane Diane, on pourrait y planter cette plante qui permet de produire du bio-carburant. Jusqu’en 1880, la RH avait divorcé avec la canne, elle représentait l’esclavage. Il a fallu le Président Salomon pour qu’on revienne avec des usines sucrières. Nous avons de nouveau divorcé avec la canne, peut-être faudrait-il y revenir une troisième fois pour avoir des bio-carburants. On va faire feu de tout bois ! |
Bernard |
Et de tout végétal. Quelle autre source d’énergie ?
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Georges |
Dans cette réunion dont je parlais, on a aussi parlé de gestion des fatras ; on peut le brûler ; les excréments fermentés dégagent du méthane.
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Bernard |
Il y a une institution qui maîtrise cette technologie et j’ai pensé qu’on pourrait l’utiliser pour faire la cuisine dans les cantines scolaires qui pourraient disposer d’une bonne quantité de matière (fécale) première ; mais on m’a fait savoir que les gens n’accepteraient pas de manger des aliments cuits avec un gaz qui vient d’excréments humains.
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Georges |
En Chine on utilise des matières fécales séchées, par exemple la bourse de vache, pour faire du feu.
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Bernard |
Là j’ai la réaction de mon directeur d’école : cuire le pain avec de la bourse de vache !
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Georges |
Vespasien disait que l’argent n’a pas d’odeur. En tous cas les experts disent que le carburant à bon marché ne reviendra pas.
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Bernard |
J’ai vu plusieurs émissions de TV où il est dit qu’on nous ment ; les réserves ne sont pas ce qu’on en dit.
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Georges |
Il y a des réserves de pétrole en Haïti, on ne les utilise pas.
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Bernard |
On dit qu’il y a des réserves de pétrole en Haïti, mais est-ce vrai ?
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Georges |
J’ai une carte d’Henri Thomasset. C’était un homme sérieux …
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Bernard |
On parle aussi d’or, de cuivre …
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Georges |
On savait cela depuis le temps de la colonie. Jusque dans les années 60, la banque de Fort Liberté achetait de l’or des paysans.
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Bernard |
Bennett achetait de l’or dans le Nord-Est dans les années 70.
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Georges |
Dans la région de St Michel de l’Attalaye il y a une ancienne mine d’or qui donne encore quelque chose. Il y avait une mine de cuivre à la Grande Rivière du Nord qui était opérationnelle dans les années 30-35. C’est le chemin de fer de ton grand-père, Emile Mentré, qui amenait ce métal au Cap Haïtien. La mine de la SEDREN a fermé. Du temps de la colonie, il y avait des mines au Borgne, dans la région de Plaisance-Pilate, à St Michel de l’Attalaye. Et puis on a trouvé de l’or dans la zone de Milot, « Montagne Ste Geneviève ». On a des gisements de pétrole, mais on dit qu’ils ne sont pas économiques. On a les gisements de schiste bitumineux dans la Grande Anse.
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Bernard |
Il y a la lignite de Maïssade
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Georges |
Qui est riche en soufre, ce qui est un avantage ; avant de la brûler on peut extraire le soufre et l’exporter. Haïti était exportateur de safran.
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Bernard |
Mon histoire de safran …
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Georges |
Le schiste bitumineux …
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Bernard |
Mon histoire de schiste …
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Georges |
Il y a des gisements que l’on jugeait pas rentable, mais il y a de nouvelles techniques d’extraction.
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Bernard |
On nous a volé plus d’une heure mais nous avons quand même pu parler de beaucoup de choses. Ce que je retiens : coupler les forêts énergétiques avec la distillation du bois. Mon histoire de balance pour peser le vétiver …
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Georges |
Il y a une liane qu’on appelle kudzu que je lancerais sur le Morne-à-Caabrit Le déboisement a commencé depuis la colonie.
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Bernard |
L’opinion de Jean Dominique …
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Georges |
Une photo de Kenscoff en 1910, ce n’etait pas boisé …
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Bernard |
Il faut rendre hommage… Nous avons une dernière émission à faire sur la pèche. |
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Le jatropha, plante miracle ou malédiction ?
Les mardi 23 et mercredi 24 juin, s’est tenue la « 1ère Conférence des parties prenantes et acteurs de la filière gwo medsiyen en Haïti ». Au départ, elle devait se tenir à l’Hotel Plaza, à Port-au-Prince, mais tenant compte de la transformation du Champ de Mars en champ de bataille par les « étudiants », les organisateurs ont opté pour le Ritz-Kinam II, à Pétionville.
Les organisateurs
Trois institutions ont organisé l’événement.
1. la Fondation CHIBAS-Haïti, un organisme à but non lucratif, basé en Haïti, qui gère un centre de recherche régional sur les bio-carburants, devant contribuer à acquérir et à développer les technologies nécessaires au développement du secteur des bio-carburants en Haïti.
2. la Fondation Jatropha, une organisme à but non lucratif, lancé en 2007, qui œuvre pour le développement d’un secteur bio-énergétique global et durable à partir du gwo medsiyen.
3. la Jatropha Pepinyè, une entreprise haïtienne à but non lucratif, qui développe et vend des plantules de gwo medsiyen pour la production de bio-diesel. La pépinière est située à Terrier Rouge, sur la route reliant le Cap Haïtien à Ouanaminthe.
Le gwo medsiyen
Voilà donc tout un mouvement en faveur de la vulgarisation de ce gwo medsiyen, et il y a lieu de se demander : que diantre y a-t-il de si intéressant dans cette plante ?
De son nom scientifique jatropha curcas, le gwo medsiyen est une plante résistante à la sécheresse et capable de pousser sur les sols marginaux, impropres aux cultures annuelles traditionnelles de la chaîne alimentaire. C’est une plante pérenne, qui perd ses feuilles pendant la saison sèche, améliorant ainsi la fertilité des sols sur le long terme. Il a peu d’exigences à l’égard de son environnement, ce qui lui permet de se développer sur terres qui ont été abandonnées par l’homme en raison de l’épuisement des sols.
Le gwo medsiyen est connu depuis toujours en Haïti ; entre autres utilisations, le paysan le plante souvent en bordure de ses jardins. En effet, le gwo medsiyen étant toxique, les cabrits ne le mangent pas ; une clôture en gwo medsiyen peut donc protéger les cultures contre ces prédateurs.
Les produits du gwo medsiyen
Le gwo medsiyen est une plante oléagineuse et l’huile que l’on en extrait peut être un substitut indirect du diesel et un substitut direct du mazout. Elle peut, en effet, être utilisée dans les moteurs à mazout et les moteurs de type Lister tournant en-dessous de 1.200 tours/minute.
A partir du procédé chimique de l’estérification, l’huile de gwo medsiyen, comme toutes les huiles, du reste, peut être transformée en bio-diesel, qui est un substitut direct du pétro-diesel, celui que nous achetons à la pompe. Il peut être utilisé dans les moteurs diesel, soit mélangé au pétro-diesel à n’importe quel pourcentage, exprimé par un symbole, ainsi B2 signifie 2 % de bio-diesel, soit pur, à ce moment le symbole est B100.
C’est donc dans l’idée de voir dans quelle mesure Haïti pourrait tirer avantage de cette plante que la première journée de la conférence a été placée sous le thème : Les opportunités et les risques économiques, environnementaux et sociaux liés à la production du gwo medsiyen.
Dans un premier temps, Gaël Pressoir, de la Fondation CHIBAS-Haïti, animateur principal de la conférence, a voulu parler des opportunités. Et cela paraît impressionnant.
En tout premier lieu, on mentionnera la possibilité de produire localement un carburant, ce qui aurait un effet très positif sur notre balance commerciale. On a parlé de l’huile de gwo medsiyen qui peut servir à faire marcher les petits moteurs de type Lister, mais aussi les gros moteurs à mazout. Or nous savons que, en Haïti, une grande partie de l’électricité est produite à partir de gros moteurs à révolution lente utilisant du mazout. Et puis, évidemment, il y a le bio-diesel, que l’on obtient par estérification de l’huile, et qui peut remplacer le pétro-diesel que nous importons. Juste pour avoir une idée, Madame Marie Nicole Dieudonné, qui était venue parler du Plan National de Développement du Secteur Energie (PNSE) du Bureau des Mines et de l’Energie (BME) nous dit que nous dépensons annuellement $ 510 millions pour l’achat de diesel.
En second, on abordera l’aspect environnemental. Le gwo medsiyen est une plante annuelle, qui peut pousser sur les terres marginales impropres à l’agriculture. Quand on pense à toutes nos pentes dégradées qui, à chaque pluie, envoient des sédiments dans les rivières et les villes situées en aval, on se dit qu’on pourrait bien les couvrir de gwo medsiyen, d’autant plus que son bois est impropre à la production de charbon, de sorte qu’il ne risque pas de connaître le sort de nos forêts.
Ceci dit, le gwo medsiyen ne donne pas que son huile. Jean-Robert Estimé, qui était venu parler d’une expérience de développement du jatropha à Madagascar, rappelle que 70 % de la masse traitée pour la production de l’huile est le tourteau, ce résidu solide obtenu après le traitement des graines. Le tourteau est riche en protéines, et on propose de l’utiliser comme engrais dans l’agriculture.
On peut même aller plus loin, mais là il va falloir trouver la variété de jatropha adéquate. En effet, on a déjà signalé que notre gwo medsiyen était toxique ; mais il existe au Mexique une variété non toxique et Gaël Pressoir nous dit que la Fondation CHIBAS-Haïti en a déjà fait venir dans le pays. Le tourteau de cette variété non toxique peut alors être utilisé pour l’alimentation du bétail.
Michel Chancy, Secrétaire d’Etat à la Production Animale, mais surtout connu pour les activités de VETERIMED (Lèt a gogo) est venu parler des opportunités offertes par le jatropha pour l’élevage. Actuellement on utilise le tourteau de soja comme source de protéines pour les poulets, les cochons, les poissons, mais la culture du soja demande des terres irriguées, ce qui la rend prohibitive pour Haïti. Le tourteau de gwo medsiyen pourrait donc avantageusement remplacer le tourteau de soja.
Signalons pour finir quelques autres avantages : la possibilité de fabriquer des briquettes de charbon à partir des écorces des graines, la possibilité de développer une production de miel grâce aux fleurs de jatropha, etc, ce qui aurait tendance à présenter le gwo medsiyen comme une sorte de plante miracle ; mais Gaël avait bien dit qu’il fallait considérer les opportunités et les risques. Nous avons vu les opportunités, la prochaine fois nous parlerons des risques.
Bernard Ethéart
Haïti en Marche, Vol. XXIII, No. 23, du 1er au 7 juillet 2009
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Le « Plan Lanmò »
Si Mahomet ne va pas à la montagne,
La montagne viendra à Mahomet.
Les organisateurs de la « 1ère Conférence des parties prenantes et acteurs de la filière gwo medsiyen en Haïti » (voir Le jatropha, plante miracle ou malédiction ? in Haïti en Marche, Vol. XXIII, No. 23, du 1er au 7 juillet 2009) avaient fui le Champs de Mars à cause des manifestations des « étudiants », eh bien ! les manifestations les ont suivis.
En effet, durant la journée du mardi 23, une petite foule, à l’appel du comité de coordination du collectif « 4 G Kontre » a organisé un « sit in » au coin de la rue qui mène aux hôtels El Rancho et Villa Créole, donc juste devant le Ritz-Kinam II, où se tenait la conférence.
A ce que j’ai compris, le collectif « 4 G Kontre » réunit de grandes organisations paysannes : Tèt Kole Ti Peyizan Ayisyen, MPP (Mouvman Peyizan Papaye), MPNKP (Mouvman Peyizan Nasyonal Kongrè Papaye), CROSE (Coordination Régionale des Organisations du Sud-Est), RENHASSA (Réseau National Haïtien pour la Sécurité et la Souveraineté Alimentaire), toutes unies dans leur opposition à la culture du jatropha en Haïti.
Je connaissais déjà la position du MPP sur ce point. Lors du lancement d’une opération de régula-risation sur la ferme de Marthe Péralte, dans la commune de Thomassique, des représentants du MPP étaient venus avec des pancartes protestant contre le « Plan lanmò du gouvernement Préval-Alexis ». Quelques jours plus tard, à l’occasion d’un congrès célébrant le 35ème anniversaire du MPP, Chavannes Jean-Baptiste, porte parole du MPP, avait déclaré : « Si le gouvernement du président Préval et du 1er ministre Alexis ne pend pas des dispositions pour faire baisser les prix des biens essentiels à la consommation, il devra s’attendre à une levée de boucliers réclamant son départ ». On était en mars 2007, moins d’un mois avant les émeutes de la faim !
A l’occasion de cette conférence, le collectif « 4 G Kontre » a sorti, avec la signature de Chavannes Jean-Baptiste, membre du comité de relations publiques du collectif, une petite brochure : « Agwokabiran, Pwojè Lanmò, pwojè anti peyizan ak anviwònman », qui a été distribuée aux participants. Mais le collectif était aussi présent à la conférence, en la personne de Doudou Pierre Festile, qui est, autant que je sache, coordonnateur du RENHASSA, et qui a eu l’occasion de présenter la position du collectif.
Il y a au moins un point sur lequel tout le monde est d’accord : la question mérite d’être débattue. Pour Gaël Pressoir, la conférence doit être le point de départ d’un grand débat autour de la filière bio-diesel ; quant à Chavannes Jean-Baptiste, il dit dans sa brochure : « … fòk enfòmasyon sikile, fòk deba fèt nan tout kouch nan sosyete a … ». La semaine dernière, nous avions parlé, pour reprendre le terme de Gaël, des opportunités, et nous nous proposions, pour cette semaine, de parler des risques ; voyons ce que « 4 G Kontre » a à dire là-dessus.
Quand ces messieurs parlent de « plan lanmò », ils parlent de la disparition des cultures vivrières, donc de la mort du petit paysan, des pénuries alimentaires qui s’en suivront, mais derrière le mot « plan » il y a également l’idée d’une conjuration internationale menée par « l’impérialisme » au seul profit des grandes puissances.
Je voudrais commencer par considérer l’aspect des pénuries alimentaires car les évènements de l’année dernière sembleraient leur donner raison.
On se souvient en effet que, suite aux émeutes de la faim, qui n’ont pas seulement touché Haïti, la FAO avait organisé, du 3 au 5 juin 2008, un sommet ayant pour thème : « Les défis du changement climatique et des bio-énergies ». Pourquoi ce rapprochement ? Dans les jours précédant ce sommet, M. Abdou Diouf, Directeur Général de la FAO, affirmait, dans une interview télévisée, que le problème d’alimentation auquel le monde était confronté avait trois causes :
• les changements climatiques,
• les prix du pétrole, qui ont fait monter les prix des denrées alimentaires,
• les biocarburants.
A l’époque, les déclarations contre les biocarburants se multipliaient. A ma connaissance, le premier à avoir tiré la sonnette d’alarme est Fidel Castro. Pour lui la production de bio-carburants à partir d’aliments est un scandale et pourra mener à toutes sortes de problèmes à travers le monde. Un rapport de l’UNESCO sur l’évolution de l’agriculture mondiale cite Dominique Straus Kahn : « les biocarburants issus de produits agricoles alimentaires posent un problème moral ». Jean Ziegler, rapporteur spécial des Nations Unies, chargé du droit à l’alimentation, allait encore plus loin : « la fabrication de bio-carburants à partir d’aliments est un crime contre l’humanité ». Et récemment, à la télévision, le même Jean Ziegler affirmait que : « la quantité de maïs nécessaire à produire le volume de bio-éthanol pour le plein d’une 4x4 peut nourrir une personne pendant toute une année ».
Et on apprenait que, depuis le 4 avril, l’Allemagne avait réduit la proportion de bio-carburant mélangé à l’essence : des écologistes dénoncent la culture du colza, du soja, etc, parce qu’elle concurrence la production alimentaire ; en France, les « Verts » font des démarches auprès de l’Union Européenne pour qu’elle abandonne l’objectif de 10 % d’agro-carburants dans les carburants pour les véhicules : les agro-carburants accélèrent la hausse des prix des matières premières, leur culture dégrade l’environnement et leur bilan énergétique est mauvais.
Tout cela est bien beau, mais il faut faire attention. Les critiques adressées aux bio-carburants visent les bio-carburants extraits de produits qui servent à l’alimentation : colza, soja, maïs, alors que le jatropha n’est pas comestible, il est même toxique, par exemple le gwo medsiyen que nous avons en Haïti. Sa toxicité serait du reste un avantage, selon Jean-Robert Estimé, car elle rend l’huile de jatropha moins cher que l’huile de colza ou de soja. On a signalé qu’au Brésil, ils avaient commencé, il y a dix ans à produire du bio-diesel avec le ricin ; mais depuis cinq ans ils ont opté pour le jatropha, parce que l’huile extraite du ricin peut servir à d’autres utilisations qui lui donnent plus de valeur ajoutée.
En Haïti, nous avons eu une grande peur ; un grand ami, qui nous veut du bien, parlait de remettre de la canne-à-sucre dans toutes les terres qui en produisaient autrefois, avant la fermeture des grandes centrales sucrières, mais cette fois-ci pour produire de l’éthanol pour les moteurs à essence. On a même parlé à l’époque d’une deuxième révolution de la canne. Entre temps, il aurait révisé ses plans et parle de planter du jatropha. Une affaire à suivre. En tout cas, tant qu’à produire de l’éthanol pour les moteurs à essence, mieux vaut extraire le sucre du sorgho sucré, une variété de petit mil dont la tige contient du sucre comme la canne-à-sucre, de sorte qu’il fournit le sucre, mais aussi la céréale que nous connaissons.
Il semble en tout cas que le gouvernement haïtien ait opté pour la production de bio-diesel. C’est ce qu’a laissé entendre l’agronome Arlan Lecorps qui, avec les agronomes Calixte et StPreux, fait partie de la Commission Interministérielle sur les Biocarburants. Cette commission a produit un Cadre Stratégique pour une Politique Nationale de Biocarburants en Haïti, un document dont il faudra nécessairement prendre connaissance.
Bernard Ethéart
Haïti en Marche, Vol. XXIII, No. 24, du 08 au 14 juillet 2009