Que faire ?
Dans les articles précédents
[1],
après avoir constaté que la dégradation des bassins versants contribue à
aggraver les dégâts que peuvent provoquer les catastrophes naturelles, après
avoir exposé la contradiction entre la nécessité de freiner cette dégradation
et le besoin d’exploiter ces bassins versants, nous avons parlé de l’inanité
des mesures visant à interdire les exploitations causes de la dégradation. D’où
la question qui sert de titre à cet article,
petit clin d’œil à Vladimir Ilyitch : que faire ?
La réponse à cette question
a été brièvement mentionnée dans un de ces articles, il s’agit de l’aménagement
des bassins versants. Mais avant d’entrer en plein dans ce sujet, je voudrais
dire quelques mots de l’aménagement du territoire, tant il est vrai que
l’aménagement des bassins versants est un cas particulier d’aménagement du
territoire.
« L’aménagement du territoire », nous dit-on, « désigne
à la fois l’action d’une collectivité sur son territoire et le résultat de
cette action. » La même source nous dit que « les deux objectifs
majeurs de l’aménagement du territoire sont : l’accompagnement du
développement économique des territoires et la réduction des inégalités
spatiales en termes économiques ou sociaux ; l’objectif global étant
un développement équilibré du
territoire. »
Une autre source [2] entre un peu plus dans le détail : « L’aménagement du territoire constitue un ensemble d’actions et d’interventions, politiques ou techniques, volontaires et concertées, qui visent à assurer une répartition adéquate de la population, des constructions, des activités économiques et des équipements et infrastructures, tout en tenant compte des contraintes, naturelles et anthropiques, à leur établissement … Les principaux objectifs sont : une réduction des disparités économiques, un meilleur développement du cadre de vie des citoyens, une amélioration des conditions de vie des populations. »
Si on reprend
les objectifs mentionnés dans ces deux définitions, on pourrait dire qu’ils
couvrent trois domaines : le domaine spatial : « réduction des
disparités ou des inégalités spatiales », le domaine économique :
« accompagnement du développement économique », le domaine
social : « développement du cadre de vie des
citoyens, amélioration des conditions de vie des populations. »
Concernant le domaine spatial, un texte du Ministère Français de l’Intérieur parle de solidarité nationale en faveur des territoires les plus en difficulté, et il cite : « les territoires ruraux, les quartiers urbains en difficulté ». Pour le domaine social, le même texte nous apprend que « une politique vigoureuse d’aménagement numérique du territoire vise à offrir à tous les français l’accès au téléphone mobile, à l’internet haut-débit et à la télévision numérique terrestre ».
Pour nous qui venons avec une préoccupation environnementale : la lutte contre la dégradation de nos bassins versants, cela ne nous sert pas à grand chose. Il y a cependant un passage du texte de AfricADT Consulting qui semble nous ouvrir des perspectives : « L’aménagement du territoire aujourd’hui intègre le développement durable qui vise trois objectifs essentiels : assurer la répartition équilibrée des populations et des activités, garantir la cohérence des activités publiques et privées, satisfaire aux exigences d’un développement culturellement adapté, socialement acceptable et écologiquement supportable. »
Pour en finir avec la revue des quelques textes que j’ai pu trouver, je reprendrai ce passage d’un texte de la Commission Européenne : « L’aménagement du territoire fournit un cadre politique cohérent pour la coordination des politiques sectorielles. A la différence des approches de planification centralisée, il met l’accent sur le rôle clé des pouvoirs locaux et sur la participation de l’ensemble des acteurs du développement … »
J’ai tenu à retenir ce passage parce qu’il établit le lien entre l’aménagement du territoire et la politique de décentralisation et de développement local inscrite dans notre Constitution, un thème que je me propose d’aborder un jour sous l’une ou l’autre forme. Mais pour le moment, nous allons tenter d’explorer cette ouverture offerte par AfricADT quand ils nous disent que « l’aménagement du territoire aujourd’hui intègre le développement durable. »
Mais
il faudrait commencer par s’entendre sur le concept de développement durable. J’en avais brièvement parlé dans l’article
intitulé : « Les bassins versants : la problématique » [3],
mais pour être plus explicite, je reprends ici un passage d’une émission que
j’avais faite sur le thème en mai de l’année dernière.
L’expression
« développement durable » a été proposée pour la première fois en
1980 dans la « Stratégie mondiale de la conservation » publiée par
l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), le Fonds mondial
pour la nature (WWF) et le Programme des Nations Unies pour l’environnement
(PNUE). En 1987, la Commission des nations Unies sur l’environnement et le
développement publie le rapport « Notre avenir à tous » (Rapport
Brundtland) qui va populariser le concept de développement durable. Le rapport
Brundtland définit le développement durable comme « un développement qui
répond aux besoins des générations actuelles sans pour autant compromettre la
capacité des générations futures de répondre aux leurs ». En 1991, la
« nouvelle stratégie de conservation de la nature », publiée par
l’UICN, le WWF et le PNUE, définit le développement durable comme le fait
d’améliorer les conditions d’existence des communautés humaines, tout en
restant dans les limites de la capacité de charge des écosystèmes.
Le
texte de AfricADT, cité plus haut, nous dit que « le
développement durable … vise trois objectifs essentiels : assurer la
répartition équilibrée des populations et des activités, garantir la cohérence
des activités publiques et privées, satisfaire aux exigences d’un développement
culturellement adapté, socialement acceptable et écologiquement
supportable. » Personnellement, c’est le dernier membre de phrase qui
m’interpelle, et je me propose de voir comment satisfaire aux exigences d’un
développement écologiquement supportable.
Bernard
Ethéart
Haïti en Marche,
Vol. XXII, No. 43, du 19 au 25 novembre 2008