Emission du
24/06/08
Thème
Portes Ouvertes sur le Développement Local
 
Transcription
 
Vous l’avez entendu aux informations, ce matin on a inauguré la Journée Portes Ouvertes sur le Développement Local. Cette manifestation, qui durera trois jours, au Parc Historique de la Canne-à-sucre, est organisée par quatre institutions :
  • Le Ministère de la Planification et de la Coopération Externe (MPCE),
  • Le Ministère de l’Agriculture, des Ressources Naturelles et du Développement Rural (MARNDR),
  • Le Ministère de l’Intérieur et des Collectivités Territoriales (MICT),
  • Le Programme de Développement Local en Haïti (PDLH).
 
Concernant cette dernière institution, j’ai pu retrouver une invitation au lancement de ce programme qui « vise à accroître les capacités locales et nationales en matière de développement local, de décentralisation et d’aménagement du territoire ». C’était en septembre de l’année dernière. C’est un projet canadien ; il est question d’un consortium de quatre ONG qui forment le PDLH : CECI, CRC, ENA, CODEVI.
 
Je n’ai pas pu rester toute la journée, mais j’ai eu la chance de pouvoir ramasser quelques documents sur les institutions participant à la manifestation.
 
Je citerai tout d’abord le PRODEP, dont le coordonnateur, Henriot Nader, était à ce micro il y a tout juste deux mois ; en second lieu, le projet de développement local dans les communes de Marmelade et de Plaisance, qui a pour objectif de contribuer à la réduction de la pauvreté et à la réhabilitation de l’en-vironnement dans ces deux communes, à travers l’agro-foresterie, la commercialisation agricole, l’aménagement des bassins versants, la gouvernance locale.
 
Il y avait aussi le Projet d’Intensification des Cultures Vivrières (PICV, Phase 2) dont l’objectif général est « d’accroître de manière durable les revenus, le bien-être et la participation au développement local des populations rurales ».
 
Il s’agit là de grands projets, financés par la FAO, dans le cas de Marmelade, la Banque Mondiale, dans le cas du PRODEP, le FIDA, dans le cas du PICV.
 
Il y avait également eux ONG ; SUCO-Haiti (Solodarité Union Coopération Haïti) dont les principaux objectifs sont de « contribuer au renforcement des capacités techniques et de gestion des paysans producteurs et améliorer la gestion des ressources naturelles dans une perspective environnementale » et le Groupe d’Action Francophone (GAFE) qui a pour objectif « d’identifier et encourager les hommes et les femmes, tant dans le milieu urbain que rural, qui sont capables de s’organi-ser, de s’associer, d’entreprendre, de réaliser et d’évaluer tout programme qui se déroule sur leur propre territoire ».
 
Quand on considère les mots-clés de ces différents programmes, on peut constater qu’ils ont deux points communs : la participation et l’environnement.
 
Mais, en plus de ces cinq institutions dont j’ai pu recueillir de la documentation, et qu’on pourrait inviter à ce micro, comme je l’avais déjà fait avec Nader, il faut en mentionner deux autres. Tout d’abord, le projet d’appui à la gouvernance locale dans le Nord-Est du FENU (Fonds d’Equipement des Nations Unies). Ce projet existe depuis un certain temps déjà et j’ai reçu il y a longtemps des plans de développe-ment local élaborés de manière participative pour les communes de Carice, Mont Organisé, Capotille et, je crois, Ouanaminthe. M. Wilfrid Bien-Aimé, coordonnateur du projet, devra faire une présentation pour le public.
 
Une autre présentation sera faite par le maire de la Petite Rivière de Nippes sur l’élaboration d’un plan communal. C’est probablement dans le cadre du PADELAN (Programme d’Appui au Développement Local Agroforesterie de Nippes). Il y a tout juste trois mois, j’ai eu Manolo Pressoir à ce micro et je voulais le faire parler du PADELAN, mais finalement je me suis rendu compte qu’il était moins impliqué dans le programme que je ne le pensais.
 
Au cours de l’émission avec Henriot Nader, j’ai tenté de replacer le concept de développement local dans un contexte plus large. Henriot ayant participé un peu au projet Croix Fer, je lui rappelais que, à l’époque de Croix Fer, on parlait de développement communautaire participatif. Nous étions dans les années 70, lors c’est ce qui était à la mode : développement communautaire, conseils communautaires, groupements communautaires. Vingt ans après, il n’y avait plus de conseils communautaires. Aujourd’hui on parle de développement local, mais, si je comprends bien, à la base de tout cela il y a un même principe : la participation.
 
Aussi bien dans le développement communautaire que dans le développement local, le principe de base est la participation de la population à l’identification des problèmes, à la mise en œuvre des solutions choisies.
 
Dans le dialogue avec Henriot, j’essayais de cerner la différence entre développement communautaire et développement local, et j’ai l’impression que c’est le cadre institutionnel qui a changé.
 
La participation a commencé depuis François Duvalier, un jour nous en ferons l’historique, peut-être même avant, on m’a fait savoir que cela remonte au cyclone Hazel, en 1954, mais toute cette activité n’avait pas de cadre légal institutionnel. C’est à partir de 87 que cela a changé, comme je l’ai dit en discutant avec Henriot, quand on a discuté de la constitution et quand on a eu, à l’Assemblée Constituante, des personnes qui ont voulu donner une base légale aux aspirations de la population de participer à la vie politique, de ne plus subir l’exclusion, de ne plus être dans « le pays en dehors ».
 
C’est ainsi que la Constitution parle d’un état démocratique, coopératif, participatif et décentralisé. C’est cette décentralisation qui donne le cadre institutionnel à l’intérieur duquel la participa-tion devient institutionnalisée, avec les collectivités territoriales.
 
Tout cela m’intéresse beaucoup parce que, quand je travaillais à Croix Fer, je croyais à la participation, et j’y crois encore, ce qui se traduit dans l’émission que nous faisons ici, où nous abordons la participation dans différents cas : la gestion des systèmes d’adduction et de distribution d’eau potable, dont nous avons parlé avec Philippe Bécoulet, en mars 2997, la gestion des systèmes d’irrigation, sur laquelle j’ai beaucoup insisté vu que j’ai travaillé dans ce domaine.
 
Avec le développement local, on est passé à un autre registre. Le développement communautaire touchait des regroupements plus ou moins informels ; maintenant nous avons affaire à des collectivités territoriales concrètement identifiées. Ce qui ne veut pas dire que le développement communautaire a disparu, du reste le projet de Henriot est un projet de développement communautaire participe, même quand il est en plein dans le développement local.
 
Il y a beaucoup à faire pour que les collectivités territoriales deviennent une réalité ; ce n’est pas tout que la Constitution les crée, il faut encore les lois d’applications, les règlements, et il y a encore pas mal de lacunes. Si on prend la collectivité la plus ancienne, la commune, sa loi organique est antérieure à la Constitution ; elle doit donc être révisée pour être adaptée à la réalité créée par la Constitution.
 
Pour les sections communales, il y a une loi qui date d’avril 96, mais elle fait l’objet de beaucoup de critiques, et je connais un ancien député, actuellement avocat, qui m’a dit que c’est par manque d’expérience qu’il l’a votée telle que. Il faut donc probablement la refaire.
 
Quant aux collectivités au niveau départemental, je ne sais pas s’il y a une ébauche de quoi que se soit. Il y a donc du pain sur la planche au niveau législatif.
 
C’est un des objectifs de ces trois jours que de montrer les expériences, mais aussi d’indiquer où il y a encore des choses à faire.
 
Il y a d’autres expériences qu’on pourrait mentionner ; ce qui est intéressant, c’est que les démarches sont assez semblables ; mais ce sont toujours des projets, et c’est là le problème : un jour le projet prendra fin, qu’en restera-t-il ? Peut-être est-ce le but de cette manifestation de trois jours de réunir toutes les expériences et de faire en sorte que l’on puisse capitaliser et que cela débouche sur des procédures connues de tous, acceptées par tous.